La FEANTSA, créée en 1989, est la seule ONG européenne qui se concentre exclusivement sur la lutte contre le sans-abrisme avec comme objectif ultime de mettre un terme au sans-abrisme en Europe. Chaque année lors d’une conférence annuelle, elle invite les acteurs européens de l’urgence sociale à revenir sur l’année écoulée et regarder vers l’avenir et la direction que prend le secteur de l’aide aux sans-abri.
L’un des objectifs de développement durable des Nations Unies encouragent nos gouvernements à éliminer la pauvreté, et par la même occasion le sans-abrisme, d’ici 2030.
Dans le Troisième regard annuel publié par la FEANTSA, sans grande surprise, la hausse du sans-abrisme dans pratiquement tous les Etats membres de l’UE est constatée. Si le nombre est en hausse, il en va de même pour le nombre de profils différents de personnes affectées, allant des femmes aux migrants en passant par les jeunes, les LGBTIQ et les personnes handicapées. Disposons-nous des services adéquats pour répondre à leurs besoins spécifiques ? Il importe de relever que le seul pays ayant réussi à diminuer le nombre de sans abri est la Finlande, pays ayant mis en place un plan structuré et ambitieux de réduction du sans abrisme, s’inscrivant dans la logique logement d’abord.
Quatre chef.fes de service d’ALYNEA, Maud BIGOT (Samu Social 69), Cédric MORTREUIL (CHRS Cléberg), Rachida JARDEL (CHRS Point Nuit), Véronique TREMBLY (PolyGônes), ont participé à divers ateliers, dont :
Housing First Europe Hub
Comment favoriser l’accès au logement des personnes sans domicile fixe et accélérer les sorties d’hébergement vers le logement autonome alors que beaucoup de ménages particulièrement dans les grandes villes sont bloqués dans l’hébergement faute de logements très sociaux disponibles ? Il est sans doute nécessaire pour que cela fonctionne d’ouvrir d’avantage de mesures d’Accompagnement Social Lié au Logement (ASLL) et de les adapter aux difficultés des personnes. Par ailleurs, les missions d’hébergements devront évoluer favorisant l’accès au logement et les pratiques des CHRS « hors les murs » mobilisant les capacités d’un accompagnement social en dehors de l’institution.
A la suite de café-idées d’ALYNEA, instance mensuelle interne à notre association, un groupe de travail va être lancé à la rentrée de septembre 2018, afin de penser comment nos structures d’hébergement peuvent évoluer pour inclure un public qui ne répond pas théoriquement aux critères d’entrée et proposer des actions pour une évolution de nos structures d’hébergement collectives dans la perspective d’une généralisation du logement d’abord.
Mode de communication sur le sans-abrisme?
Alors qu’aujourd’hui la majorité des sans-abri sont des familles migrantes qui vivent chez des tiers, l’image du sans-abrisme se réduit trop systématiquement à la figure de la personne sous une couverture sur un trottoir. Chercher l’empathie du grand public de cette façon n’apporte pas forcément une plus grande mobilisation pour la cause de la grande exclusion. Il est donc nécessaire que le secteur de l’aide sociale lui-même fasse bouger les traits de l’image véhiculée afin de témoigner d’une réalité diverse, par là même ne pas faire naître de résistances dans les réponses proposées.
Accompagnement par les pairs
Cette approche repose sur l’entraide entre personnes ayant connu un parcours similaire. Il tend à favoriser les échanges qui contribuent à apporter un soutien dans les parcours.
Aujourd’hui ALYNEA, en retard sur ce volet, embauche en juillet une 1ère travailleuse paire, Aïcha Hadj Chickh. Ancienne déléguée du Conseil de Vie Sociale et membre active des comités d’évaluation au CHRS Point Nuit, elle va apporter en tant que paire-aidante, sa connaissance de l’institution et son expérience sur la question relative au collectif dans les foyers d’ALYNEA. Dans un 2nd temps, elle déclinera sa mission en lien avec les équipes du Pôle Hébergement en diffus. Elle rencontrera, lors de temps informatifs, des travailleurs pairs d’autres institutions afin d’enrichir sa pratique.
Criminalisation de la pauvreté
Cet enjeu de communication, à l’égard des citoyens, est d’autant plus important que les sans-abri, en Europe, tendent à être victime de politiques de « criminalisation ». Elles se déclinent sous la forme d’aménagement urbains dissuasifs, d’arrêtés mendicité ou interdisant la consommation d’alcool sur des lieux ciblés, d’expulsions de l’espace public réitérées. Cela peut aller jusque la pénalisation, en Hongrie, du fait de dormir à la rue. La Fondation Abbé Pierre, en France, a lancé une campagne visant à dénoncer les mobiliers urbains anti-SDF. Il est inutile et indigne de « pourchasser » les SDF.
A ALYNEA, nous sommes engagés dans le cadre d’une recherche action de la Fondation Abbé Pierre pour proposer une étude visant au contraire à quantifier et qualifier les besoins en termes de logement des personnes sans abri et ainsi rendre visible l’invisible.