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CHATEAU GAILLARD

Une Halte des femmes et un Centre d’Hébergement d’Urgence

Un nouveau dispositif d’accueil personnes sans solution de logement ou d’hébergement ouvre ses portes à Villeurbanne sur le site d’une ancienne résidence pour personnes âgées, rue Château Gaillard. 61 logements (59 T1 et 2 T3) destinés à différents publics et dispositifs : La Halte des femmes pour 10 femmes seules et 25 mères en post ou pré maternité avec leur nourrisson. Un centre d’hébergement d’urgence (CHU) de 17 appartements pour personnes seules ou couples avec enfants. Depuis début novembre, les ménages orientés intègrent progressivement les appartements.

CONSTATS

Au niveau national, les chiffres demeurent alarmants concernant les femmes sans-abri. Au-delà des dispositifs de mise en sécurité d’urgence, les places disponibles pour les femmes victimes de violences ou mères sont encore rares. C’est un constat qu’ALYNEA partage aux côté de ses partenaires du secteur. Le Samu Social 69 est effectivement fréquemment interpellé pour des situations de femmes enceintes vivant dans la rue ne pouvant donc pas avoir un suivi optimal de leur grossesse. Chaque année à Lyon, 100 femmes sortent de la maternité, sans solution de logement entrainant de grandes difficultés dans l’accueil de leur enfant durant cette phase cruciale des 1000 premiers jours.

Par ailleurs, dans le cadre du plan de résorption des bidonvilles sur notre territoire, il est aussi nécessaire de trouver des solutions de relogement pour les personnes aux droits incomplets.

Enfin, le constat était fait que dans nos Centres d’Hébergement et de Réinsertion Sociale comme Carteret, un certain nombre de personnes se retrouvaient bloquées dans un  hébergement collectif qui n’était plus adapté à leurs besoins, sans perspective d’accès à moyen-long termes à un logement autonome. Réduisant ainsi la capacité du CHRS à mettre à disposition de nouvelles places.

C’est pourquoi ALYNEA a répondu à l’appel à projet de la DIHAL qui a retenu cette proposition qui s’inscrit aussi dans le plan de relance gouvernemental.

 

PARTENARIATS

Pour trouver le lieu adéquate, ALYNEA a mobilisé le GIE La Ville Autrement. Le bailleur social Est Métropole Habitat a pris la coordination du site qui sera occupé pour un minimum de 5 ans par une mixité d’acteurs qui œuvrent autour des questions de l’habitat. En effet, le site accueille les associations Forum réfugiés dans le cadre de l’hébergement des demandeurs d’asile et Accoléa dans le cadre de son dispositif Logi-jeunes. Un comité de pilotage est formé par les associations présentes, les services de l’Etat (DDETS), La ville de Villeurbanne, la Métropole de Lyon et le GIE La Ville Autrement.

ALYNEA est également soutenu dans sa mission d’accompagnement par l’association VIFFIL SOS Femmes et plus largement par les associations de la veille sociale lyonnaise avec qui elle construit un mode d’intervention partagé. Plus largement, le dispositif s’inscrit dans une dynamique partenariale forte sur son territoire et en lien avec les associations de la veille sociale lyonnaise et les structures de l’insertion et de la petite enfance.

MISSIONS

ALYNÉA fait le pari de l’autonomie et de la mixité des publics et a pour ambition de répondre à plusieurs enjeux croisés :

  • La proposition d’un hébergement proche du logement classique.
  • La création d’un parcours résidentiel pour les habitants de CHRS collectifs n’ayant pas accès au logement et souhaitant accéder à un habitat plus autonome.
  • L’accueil de femmes sortant ou entrant en maternité sans solution d’hébergement, quel que soit leur situation.
  • L’accueil de femmes victimes de violence ou de traite dans un cadre indépendant et sécurisé.
  • La réduction des places hôtelière et leur transformation en place d’hébergement pérennes et dignes.
  • La participation à la résorption des squat et bidonville en proposant des solutions dignes.
  • L’ouverture des structures d’hébergement vers l’extérieur, le quartier par l’intégration à un lieu multi-usages et participatif.
  • L’accompagnement de toutes et tous dans la recherche et la mise en œuvre de solutions de logement choisie et adaptée.
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Madame C. et Monsieur V.

Un couple marqué par le sans-abrisme

Originaires de Picardie, ils quittent avec leurs 3 enfants leur maison d’Airaines en 2008 pour tenter leur chance en Corse puis à Lyon. Sans emploi, ils font face à des difficultés familiales avant de se trouver sans hébergement.

Souhaitant avant tout protéger leurs enfants et assurer leur scolarité, ils s’adressent au Conseil Général pour un placement provisoire. Ils sont orientés dans différents foyers dont le CHRS Carteret d’ALYNEA, mais la collectivité leur est difficile. Ils ne supportent ni la promiscuité, ni le cadre imposé. La collaboration avec les équipes est alors compliquée.
Pendant presque 3 ans, ils vont vivre dans la rue, abrités sous la bibliothèque universitaire rue Chevreul. La nuit, ils dorment en alternance afin que l’un des deux surveille leurs sacs à dos dans lesquels se trouve toute leur vie. En journée, ils fréquentent la Maison Rodolphe du Foyer Notre Dame des Sans Abri où ils déjeunent, se douchent, font leur lessive. Ici, ils sont suivis par Marc (prénom d’emprunt) assistant social avec qui ils seront en confiance.

« C’est la première personne qui nous a compris en repérant que le type d’hébergement qui nous conviendrait serait un appartement individuel. »

Dans la rue, leur santé se dégrade. Suzanne est hospitalisée plusieurs fois, sous-alimentée, alcoolisée, les articulations douloureuses. Les acteurs sociaux se mobilisent pour trouver une solution : Marc, la Maison de la Veille Sociale, le Samu Social 69, s’adressent au Préfet pour qu’un hébergement d’urgence soit débloqué. 5 mois plus tard, ils sont hébergés à l’hôtel.
Le couple poursuit son chemin dans un dispositif d’hébergement en appartement avec l’équipe de Polygônes d’ALYNEA qui considère que l’habitat est le point de départ de l’accompagnement.
Suzanne a arrêté de boire et soigne sa polyarthrite. Son compagnon, épileptique, suit son traitement. Grâce à des visites accompagnées par un médiateur et des entretiens téléphoniques réguliers, ils sont en lien avec leurs enfants.
Le prochain objectif est l’accès à un logement de droit commun : le bail serait d’abord signé entre le propriétaire et ALYNEA ; pendant cette durée déterminée, ils seraient sous-locataires et toujours accompagnés par Polygônes, avant que le bail « glisse » à leurs noms.

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Monsieur B.

« Rescapé de la solitude »

Monsieur B. intègre son hébergement en appartement de coordination thérapeutique en octobre 2017. Il doit alors quitter l’hébergement mis à disposition par le centre Léon Bérard où il suit un traitement médical. Même si Monsieur B. a fui, pour des raisons politiques le Congo Kinshasa, il est débouté par l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra) et par la Cour nationale du droit d’asile (CNDA). Arrivé en France blessé, il apprend qu’il est gravement malade. Soutenu par l’assistante sociale de l’hôpital, il obtient un titre de séjour pour soins qui lui permet de se faire soigner et rester sur le territoire le temps nécessaire.

« Nous les Africains, on vit ensemble, on ne connait pas la solitude. Ici j’ai beaucoup souffert de l’isolement, j’étais au fond du trou. Isolé, malade, séparé de ma famille, j’avais les pires idées. »

Depuis le début de son accompagnement par Entr’Aids, il a trouvé ce dont il avait besoin, une équipe professionnelle qui se soucie des êtres humains et qui soutient moralement les personnes. Son cadre de vie lui permet également de retrouver un vivre ensemble : des relations conviviales de voisinage, le partage de petits déjeuners et de repas avec l’équipe…

« L’hôpital m’a soigné, ALYNEA m’a sauvé la vie, je suis un rescapé. »

Lors de cette rencontre, Monsieur B. est en rémission et a retrouvé du sens dans son quotidien en tant qu’agent de sécurité aux abords de l’école, et bénévole au sein de l’association Singa (mouvement citoyen international visant à créer du lien entre personnes réfugiées). Il a pu reprendre ses fréquentations à la bibliothèque, et récupérer l’appétit et le goût de vivre.

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Monsieur BEN ATTIA

Sa création d’entreprise lui ouvre l’accès au logement

Qu’avez-vous pensé de la 1ère rencontre avec l’équipe du CoWork ?

Une opportunité à ne pas rater ! Je m’y suis tout de suite accroché. Je n’avais pas beaucoup de solutions et l’accompagnement proposé était pour moi un plus, surtout pour le volet administratif. J’ai senti que ça n’allait pas être une perte de temps.

Quel est votre quotidien depuis le début de votre activité ?

Je travaille 35h par semaine : du mercredi au samedi, dans le camion de livraison et le lundi je gère l’administratif (en tant qu’auto-entrepreneur je m’occupe de la facturation, de la communication, de la commercialisation). Le dimanche, je suis avec ma famille. J’ai embauché un livreur en CDD de 6 mois à mi-temps. Un comptable gère la paie, en prestation externe. Aujourd’hui, mon objectif est d’investir dans l’achat d’un camion. Pour l’instant, on tourne en location, et ça représente une perte d’argent conséquente, surtout lorsqu’on doit en louer deux (environ 2 jours par semaine).


Mon entreprise marche bien, c’est ce que je souhaitais ! Je rembourse mes mensualités pour le crédit que l’ADIE m’a accordé pour lancer mon activité. Je me dégage un bon salaire pour payer mon loyer et nourrir ma famille. Je suis très content ! J’ai trouvé un appartement F4 à Lyon 8, dans du neuf. Être patron avec des bons chiffres, ça change tout quand tu cherches un appartement !

La fréquence de votre accompagnement a dû évoluer depuis le mois d’août, notamment depuis le début de votre activité ?

Mon contrat d’accompagnement (de 3 mois) a été renouvelé plusieurs fois. Je viens encore une fois par semaine les lundis, jour que je consacre à l’administration de ma société. Parallèlement je reste en contact téléphonique régulier. Au moindre doute, j’appelle. Sarah est comme une conseillère, dès que j’ai une question, je prends mon téléphone, « Allo Sarah ? » Elle se renseigne puis m’oriente pour que je puisse reprendre la main. Au minimum, je suis en contact deux fois par semaine avec elle. C’est vraiment un apport précieux car sans le CoWork, j’aurais des papiers non-traités. À chaque étape, le dispositif s’adapte par rapport à mes besoins.

Comment peut-on améliorer le service ?

On a fait une réunion avec les autres coworkers et l’équipe pour identifier les besoins et optimiser l’accompagnement humain en termes de formation, d’espace de travail, d’équipement en ordinateurs et imprimantes. Moi j’ai la chance d’avoir un ordinateur, mais ce n’est pas le cas pour les autres coworkers. Les gens hébergés en foyer sont en difficulté et n’ont ni le matériel, ni l’espace pour travailler. Il
manque encore beaucoup de choses nécessaires pour vraiment aider les gens qui n’ont pas les moyens. Il nous faut aussi des modules de formations simples, par exemple je ne maîtrise pas encore Excel et Word, or j’en ai besoin pour gérer mes factures.

Quel conseil donneriez-vous à une personne qui a envie de monter sa boite et qui n’ose pas car elle est en situation de précarité face au logement ?

Il faut y croire ! Ici il y a vraiment des gens qui ont du cœur avec des compétences, qui veulent nous aider. Il faut savoir prendre la main des personnes qui la tendent pour se mettre sur les bons rails et mener son projet. Vous déménagez ? N’hésitez pas à le contacter !