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MISE EN PLACE DU PLAN GRAND FROID :
Une décision bienvenue mais insuffisante pour participer à
la réduction du sans abrisme.

Communiqué de presse

La Maison de la Veille Sociale du Rhône signale 10 160 personnes sans solution de logement / hébergement
personnel et sécure, soit 0,78% de la population de la Métropole de Lyon. Le contraste entre l’aspect
infinitésimal, presque ridicule de ce chiffre, au regard des moyens de la 2ème région la plus riche de
France, est saisissant quand on est témoin de la gravité et la criticité des situations vécues par les personnes
à la rue.

ALYNEA, association porteuse du Samu Social 69, salue l’engagement de la Préfecture du Rhône pour parer
aux urgences, mais appelle le gouvernement à engager sans tarder un plan structurel autour du logement
pour réellement résorber le sans-abrisme.

67 places d’hébergement supplémentaires ont ouvert ce jour, dans le cadre du plan grand froid.
Cette annonce est bienvenue. Elle ne fait néanmoins que parer à l’urgence et, logiquement, dramatiquement, ne permettra pas de faire face aux situations de détresse constatées extrêmes repérées à la rue ces dernières semaines. Le dispositif d’hébergement de la Métropole est en effet complètement saturé et le Samu Social a rencontré, depuis le mois de Novembre, plus de 800 personnes à la rue, parmi elles 152 enfants.

Nous sommes singulièrement inquiets pour les ménages rencontrés par les équipes de rue et/ou ayant sollicité le 115 sans qu’aucune solution ne puisse être proposée ; parmi elles une famille avec un enfant majeur autiste, des familles sur un campement au milieu de rats, un homme en fauteuil roulant en sortie d’hôpital, un autre de 75 ans…

Leur situation est aujourd’hui critique et alarmante. Elle est néanmoins la conséquence logique d’un manque de politique ambitieuse en matière de logement. Si des moyens conséquents ont été déployés ces dernières années dans le domaine d’hébergement, ils ne seront jamais suffisants si les pouvoirs publics de font pas le choix d’investir avec sérieux et responsabilité dans des politiques sur le long terme pour faciliter l’accès au logement.

Sans logement, on ne sort pas de l’hébergement. Et si on ne sort pas de l’hébergement, il n’y a pas de solutions pour ceux qui sont à la rue. 

Des solutions existent.
En Finlande par exemple, il y a 5 fois moins de SDF aujourd’hui qu’en 1987 (soit 40 ans plus tard) et la résorption semble atteignable dans les 5 prochaines années. Concrètement : c’est 40 ans d’investissement sur 3 axes simultanés : le logement social (+96% de logements sociaux), la mobilité vers le logement classique depuis le logement social et le développement du logement très accompagné pour celles et ceux qui ont besoin de soutien. Malgré les alternances, ce cap politique a été tenu et produit aujourd’hui des effets.


A l’heure du conseil national de la refondation créé par le Président Macron, il est temps de se fixer collectivement l’ambition de résorber le sans-abrisme, de ne plus tolérer que des personnes dorment et meurent à la rue, de ne plus s’accommoder de cette forme de barbarie, que les générations futures auront du mal à comprendre qu’elle ait pu exister…


À propos d’ALYNEA :
ALYNEA accompagne plus de 7000 personnes chaque année et héberge près de 600 personnes chaque jour. Elle est notamment
gestionnaire du Samu Social 69, de plusieurs centres d’hébergement et de réinsertion sociale et d’un pôle Insertion Formation. Au
quotidien, ce sont 150 salariés, 80 bénévoles qui œuvrent en direction de personnes en situation de fragilité en vue de leur redonner
une place dans la société.

CONTACTS PRESSE
Pascal Isoard-Thomas – 0478501605 – p.isoard-thomas@alynea.org // Patricia Carrot – 0478501541 – p.carrot@alynea.org

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Madame C. et Monsieur V.

Un couple marqué par le sans-abrisme

Originaires de Picardie, ils quittent avec leurs 3 enfants leur maison d’Airaines en 2008 pour tenter leur chance en Corse puis à Lyon. Sans emploi, ils font face à des difficultés familiales avant de se trouver sans hébergement.

Souhaitant avant tout protéger leurs enfants et assurer leur scolarité, ils s’adressent au Conseil Général pour un placement provisoire. Ils sont orientés dans différents foyers dont le CHRS Carteret d’ALYNEA, mais la collectivité leur est difficile. Ils ne supportent ni la promiscuité, ni le cadre imposé. La collaboration avec les équipes est alors compliquée.
Pendant presque 3 ans, ils vont vivre dans la rue, abrités sous la bibliothèque universitaire rue Chevreul. La nuit, ils dorment en alternance afin que l’un des deux surveille leurs sacs à dos dans lesquels se trouve toute leur vie. En journée, ils fréquentent la Maison Rodolphe du Foyer Notre Dame des Sans Abri où ils déjeunent, se douchent, font leur lessive. Ici, ils sont suivis par Marc (prénom d’emprunt) assistant social avec qui ils seront en confiance.

« C’est la première personne qui nous a compris en repérant que le type d’hébergement qui nous conviendrait serait un appartement individuel. »

Dans la rue, leur santé se dégrade. Suzanne est hospitalisée plusieurs fois, sous-alimentée, alcoolisée, les articulations douloureuses. Les acteurs sociaux se mobilisent pour trouver une solution : Marc, la Maison de la Veille Sociale, le Samu Social 69, s’adressent au Préfet pour qu’un hébergement d’urgence soit débloqué. 5 mois plus tard, ils sont hébergés à l’hôtel.
Le couple poursuit son chemin dans un dispositif d’hébergement en appartement avec l’équipe de Polygônes d’ALYNEA qui considère que l’habitat est le point de départ de l’accompagnement.
Suzanne a arrêté de boire et soigne sa polyarthrite. Son compagnon, épileptique, suit son traitement. Grâce à des visites accompagnées par un médiateur et des entretiens téléphoniques réguliers, ils sont en lien avec leurs enfants.
Le prochain objectif est l’accès à un logement de droit commun : le bail serait d’abord signé entre le propriétaire et ALYNEA ; pendant cette durée déterminée, ils seraient sous-locataires et toujours accompagnés par Polygônes, avant que le bail « glisse » à leurs noms.

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Monsieur B.

« Rescapé de la solitude »

Monsieur B. intègre son hébergement en appartement de coordination thérapeutique en octobre 2017. Il doit alors quitter l’hébergement mis à disposition par le centre Léon Bérard où il suit un traitement médical. Même si Monsieur B. a fui, pour des raisons politiques le Congo Kinshasa, il est débouté par l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra) et par la Cour nationale du droit d’asile (CNDA). Arrivé en France blessé, il apprend qu’il est gravement malade. Soutenu par l’assistante sociale de l’hôpital, il obtient un titre de séjour pour soins qui lui permet de se faire soigner et rester sur le territoire le temps nécessaire.

« Nous les Africains, on vit ensemble, on ne connait pas la solitude. Ici j’ai beaucoup souffert de l’isolement, j’étais au fond du trou. Isolé, malade, séparé de ma famille, j’avais les pires idées. »

Depuis le début de son accompagnement par Entr’Aids, il a trouvé ce dont il avait besoin, une équipe professionnelle qui se soucie des êtres humains et qui soutient moralement les personnes. Son cadre de vie lui permet également de retrouver un vivre ensemble : des relations conviviales de voisinage, le partage de petits déjeuners et de repas avec l’équipe…

« L’hôpital m’a soigné, ALYNEA m’a sauvé la vie, je suis un rescapé. »

Lors de cette rencontre, Monsieur B. est en rémission et a retrouvé du sens dans son quotidien en tant qu’agent de sécurité aux abords de l’école, et bénévole au sein de l’association Singa (mouvement citoyen international visant à créer du lien entre personnes réfugiées). Il a pu reprendre ses fréquentations à la bibliothèque, et récupérer l’appétit et le goût de vivre.

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Monsieur BEN ATTIA

Sa création d’entreprise lui ouvre l’accès au logement

Qu’avez-vous pensé de la 1ère rencontre avec l’équipe du CoWork ?

Une opportunité à ne pas rater ! Je m’y suis tout de suite accroché. Je n’avais pas beaucoup de solutions et l’accompagnement proposé était pour moi un plus, surtout pour le volet administratif. J’ai senti que ça n’allait pas être une perte de temps.

Quel est votre quotidien depuis le début de votre activité ?

Je travaille 35h par semaine : du mercredi au samedi, dans le camion de livraison et le lundi je gère l’administratif (en tant qu’auto-entrepreneur je m’occupe de la facturation, de la communication, de la commercialisation). Le dimanche, je suis avec ma famille. J’ai embauché un livreur en CDD de 6 mois à mi-temps. Un comptable gère la paie, en prestation externe. Aujourd’hui, mon objectif est d’investir dans l’achat d’un camion. Pour l’instant, on tourne en location, et ça représente une perte d’argent conséquente, surtout lorsqu’on doit en louer deux (environ 2 jours par semaine).


Mon entreprise marche bien, c’est ce que je souhaitais ! Je rembourse mes mensualités pour le crédit que l’ADIE m’a accordé pour lancer mon activité. Je me dégage un bon salaire pour payer mon loyer et nourrir ma famille. Je suis très content ! J’ai trouvé un appartement F4 à Lyon 8, dans du neuf. Être patron avec des bons chiffres, ça change tout quand tu cherches un appartement !

La fréquence de votre accompagnement a dû évoluer depuis le mois d’août, notamment depuis le début de votre activité ?

Mon contrat d’accompagnement (de 3 mois) a été renouvelé plusieurs fois. Je viens encore une fois par semaine les lundis, jour que je consacre à l’administration de ma société. Parallèlement je reste en contact téléphonique régulier. Au moindre doute, j’appelle. Sarah est comme une conseillère, dès que j’ai une question, je prends mon téléphone, « Allo Sarah ? » Elle se renseigne puis m’oriente pour que je puisse reprendre la main. Au minimum, je suis en contact deux fois par semaine avec elle. C’est vraiment un apport précieux car sans le CoWork, j’aurais des papiers non-traités. À chaque étape, le dispositif s’adapte par rapport à mes besoins.

Comment peut-on améliorer le service ?

On a fait une réunion avec les autres coworkers et l’équipe pour identifier les besoins et optimiser l’accompagnement humain en termes de formation, d’espace de travail, d’équipement en ordinateurs et imprimantes. Moi j’ai la chance d’avoir un ordinateur, mais ce n’est pas le cas pour les autres coworkers. Les gens hébergés en foyer sont en difficulté et n’ont ni le matériel, ni l’espace pour travailler. Il
manque encore beaucoup de choses nécessaires pour vraiment aider les gens qui n’ont pas les moyens. Il nous faut aussi des modules de formations simples, par exemple je ne maîtrise pas encore Excel et Word, or j’en ai besoin pour gérer mes factures.

Quel conseil donneriez-vous à une personne qui a envie de monter sa boite et qui n’ose pas car elle est en situation de précarité face au logement ?

Il faut y croire ! Ici il y a vraiment des gens qui ont du cœur avec des compétences, qui veulent nous aider. Il faut savoir prendre la main des personnes qui la tendent pour se mettre sur les bons rails et mener son projet. Vous déménagez ? N’hésitez pas à le contacter !