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Marie PERRET et Jannick KERVREN Conseillères en Insertion Socio-Professionnelle mobiles d’ALYNEA

Création d’une équipe de Conseillères en Insertion Socio-Professionnelle mobiles

14/05/2021

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Fort de l’expertise de son pôle Insertion-Formation dans l’accompagnement socio-professionel, et repérée par son savoir-faire dans l’aller vers, via le Samu Social, ALYNEA intervient dans deux actions expérimentales dans lesquelles des conseillères en insertion socio-professionnelle (CISP) mobiles vont proposer un appui spécifique sur des questions d’accès à l’emploi et au logement, aux personnes vivant dans des bidonvilles ou à des jeunes qui se rendent invisibles aux yeux des dispositifs auxquels ils pourraient se raccrocher.

L’aller vers c’est d’abord un changement du rapport dans la relation accompagnant / accompagné, nécessaire afin de prendre en considération la détresse des personnes en situation de non recours aux dispositifs de droit commun. Ce sont les professionnels qui font la démarche de rechercher le public ciblé et qui vont à leur rencontre.

ALYNEA, par l’action de cette nouvelle équipe collabore avec les acteurs locaux pour décliner sur notre territoire deux stratégies nationales.

  • La résorption des squats et bidonvilles est supervisée par la DIHAL au niveau national. La Direction Départementale de la Cohésion Sociale du Rhône a fait le choix de soutenir un collectif partenaire de 3 associations (coordination : ALPIL – Action pour l’insertion par le logement ; médiation scolaire : CLASSES ; ALYNEA : médiation emploi/logement), plutôt qu’un opérateur unique.
    Depuis janvier 2021, ce collectif intervient sur trois bidonvilles de l’agglomération lyonnaise. L’un est mitoyen au Transbordeur (environ 100 personnes), les deux autres sur une zone à risques industriels majeurs de la commune de Feyzin (entre 200 et 250 personnes).
    Afin de pouvoir aborder les questions de l’accès à l’emploi, les conseillères en insertion professionnelle ciblent prioritairement les personnes ressortissantes d’un pays de l’union Européenne leur donnant le droit de travailler. Les autres sont orientées vers des dispositifs plus adaptés à leur situation.
  • Le repérage et la mobilisation des jeunes dits invisibles s’inscrit dans le cadre d’un plan national visant à former des jeunes qui échappent aux acteurs traditionnels, privilégiant là encore l’aller vers et les actions de raccrochage. Plus précisément, ce sont ciblés les 16-29 ans, appréhendés sous l’angle NEETS, (ni en emploi, ni en formation, ni en études), résidant sur le territoire Rhône Sud et qui ne bénéficient d’aucun accompagnement. Notons l’élargissement de la cible habituelle des politiques jeunesse (16-25 ans), défini au regard de l’âge moyen d’accès à un emploi stable qui se situe entre 28 et 30 ans.
    Depuis mars 2020, le plan d’action est piloté par la mission locale de Givors et mené par un consortium d’acteurs. Débuté en plein confinement, les CIP se sont rendues directement dans les quartiers, au pied des immeubles pour les rencontrer (1250 jeunes estimés).

Notre travail est complétement différent d’un CISP tradionnel qui reçoit dans son bureau, des bénéficiaires du RSA. Ici on va directement sur le terrain, en lien avec d’autres acteurs partenaires, rencontrer des personnes qui ne demandent rien pour parler d’accès à l’emploi. Cette mise en œuvre partenariale est primordiale. Par exemple, CLASSES, Collectif Lyonnais pour l’Accès à la Scolarisation et le Soutien aux Enfants des Squats intervient dans les bidonvilles et connait depuis longtemps ces familles et leurs problématiques. L’équipe nous introduit sur le terrain auprès de celles qu’elle a déjà repérées pour travailler les questions de l’emploi. Leur mise en relation est précieuse car nous sommes presque attendues par les habitants ! Nous prenons soin de ce premier contact puisque notre objectif est de créer un lien de confiance. Que ce soit avec les habitants des bidonvilles ou avec les jeunes décrocheurs, la relation est très fragile. C’est pourquoi, nous allons les voir chaque semaine. Nous faisons un suivi très intensif ! Nous sommes un vrai repère pour ces personnes, elles se raccrochent à ce qu’elles ont. La question de l’emploi est au début de la relation un biais pour entreprendre des démarches afin que les personnes se rattachent aux différents dispositifs de droit commun auxquels elles ont droit. C’est aussi un biais pour lever de nombreux freins à l’évolution des parcours, très variés en fonction des situations (mobilité, garde d’enfant, isolement social, handicap reconnu ou non, sans domicile, addiction, illettrisme, etc.). D’où l’importance de l’implication et la collaboration d’acteurs spécialisés dans différents domaines. Au fil de l’accompagnement, tout en continuant de se déplacer régulièrement, on leur offre la possibilité de se mettre à « venir vers » des rdv extérieurs.

Au fil de l'actu

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Madame C. et Monsieur V.

Un couple marqué par le sans-abrisme

Originaires de Picardie, ils quittent avec leurs 3 enfants leur maison d’Airaines en 2008 pour tenter leur chance en Corse puis à Lyon. Sans emploi, ils font face à des difficultés familiales avant de se trouver sans hébergement.

Souhaitant avant tout protéger leurs enfants et assurer leur scolarité, ils s’adressent au Conseil Général pour un placement provisoire. Ils sont orientés dans différents foyers dont le CHRS Carteret d’ALYNEA, mais la collectivité leur est difficile. Ils ne supportent ni la promiscuité, ni le cadre imposé. La collaboration avec les équipes est alors compliquée.
Pendant presque 3 ans, ils vont vivre dans la rue, abrités sous la bibliothèque universitaire rue Chevreul. La nuit, ils dorment en alternance afin que l’un des deux surveille leurs sacs à dos dans lesquels se trouve toute leur vie. En journée, ils fréquentent la Maison Rodolphe du Foyer Notre Dame des Sans Abri où ils déjeunent, se douchent, font leur lessive. Ici, ils sont suivis par Marc (prénom d’emprunt) assistant social avec qui ils seront en confiance.

« C’est la première personne qui nous a compris en repérant que le type d’hébergement qui nous conviendrait serait un appartement individuel. »

Dans la rue, leur santé se dégrade. Suzanne est hospitalisée plusieurs fois, sous-alimentée, alcoolisée, les articulations douloureuses. Les acteurs sociaux se mobilisent pour trouver une solution : Marc, la Maison de la Veille Sociale, le Samu Social 69, s’adressent au Préfet pour qu’un hébergement d’urgence soit débloqué. 5 mois plus tard, ils sont hébergés à l’hôtel.
Le couple poursuit son chemin dans un dispositif d’hébergement en appartement avec l’équipe de Polygônes d’ALYNEA qui considère que l’habitat est le point de départ de l’accompagnement.
Suzanne a arrêté de boire et soigne sa polyarthrite. Son compagnon, épileptique, suit son traitement. Grâce à des visites accompagnées par un médiateur et des entretiens téléphoniques réguliers, ils sont en lien avec leurs enfants.
Le prochain objectif est l’accès à un logement de droit commun : le bail serait d’abord signé entre le propriétaire et ALYNEA ; pendant cette durée déterminée, ils seraient sous-locataires et toujours accompagnés par Polygônes, avant que le bail « glisse » à leurs noms.

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Monsieur B.

« Rescapé de la solitude »

Monsieur B. intègre son hébergement en appartement de coordination thérapeutique en octobre 2017. Il doit alors quitter l’hébergement mis à disposition par le centre Léon Bérard où il suit un traitement médical. Même si Monsieur B. a fui, pour des raisons politiques le Congo Kinshasa, il est débouté par l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra) et par la Cour nationale du droit d’asile (CNDA). Arrivé en France blessé, il apprend qu’il est gravement malade. Soutenu par l’assistante sociale de l’hôpital, il obtient un titre de séjour pour soins qui lui permet de se faire soigner et rester sur le territoire le temps nécessaire.

« Nous les Africains, on vit ensemble, on ne connait pas la solitude. Ici j’ai beaucoup souffert de l’isolement, j’étais au fond du trou. Isolé, malade, séparé de ma famille, j’avais les pires idées. »

Depuis le début de son accompagnement par Entr’Aids, il a trouvé ce dont il avait besoin, une équipe professionnelle qui se soucie des êtres humains et qui soutient moralement les personnes. Son cadre de vie lui permet également de retrouver un vivre ensemble : des relations conviviales de voisinage, le partage de petits déjeuners et de repas avec l’équipe…

« L’hôpital m’a soigné, ALYNEA m’a sauvé la vie, je suis un rescapé. »

Lors de cette rencontre, Monsieur B. est en rémission et a retrouvé du sens dans son quotidien en tant qu’agent de sécurité aux abords de l’école, et bénévole au sein de l’association Singa (mouvement citoyen international visant à créer du lien entre personnes réfugiées). Il a pu reprendre ses fréquentations à la bibliothèque, et récupérer l’appétit et le goût de vivre.

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Monsieur BEN ATTIA

Sa création d’entreprise lui ouvre l’accès au logement

Qu’avez-vous pensé de la 1ère rencontre avec l’équipe du CoWork ?

Une opportunité à ne pas rater ! Je m’y suis tout de suite accroché. Je n’avais pas beaucoup de solutions et l’accompagnement proposé était pour moi un plus, surtout pour le volet administratif. J’ai senti que ça n’allait pas être une perte de temps.

Quel est votre quotidien depuis le début de votre activité ?

Je travaille 35h par semaine : du mercredi au samedi, dans le camion de livraison et le lundi je gère l’administratif (en tant qu’auto-entrepreneur je m’occupe de la facturation, de la communication, de la commercialisation). Le dimanche, je suis avec ma famille. J’ai embauché un livreur en CDD de 6 mois à mi-temps. Un comptable gère la paie, en prestation externe. Aujourd’hui, mon objectif est d’investir dans l’achat d’un camion. Pour l’instant, on tourne en location, et ça représente une perte d’argent conséquente, surtout lorsqu’on doit en louer deux (environ 2 jours par semaine).


Mon entreprise marche bien, c’est ce que je souhaitais ! Je rembourse mes mensualités pour le crédit que l’ADIE m’a accordé pour lancer mon activité. Je me dégage un bon salaire pour payer mon loyer et nourrir ma famille. Je suis très content ! J’ai trouvé un appartement F4 à Lyon 8, dans du neuf. Être patron avec des bons chiffres, ça change tout quand tu cherches un appartement !

La fréquence de votre accompagnement a dû évoluer depuis le mois d’août, notamment depuis le début de votre activité ?

Mon contrat d’accompagnement (de 3 mois) a été renouvelé plusieurs fois. Je viens encore une fois par semaine les lundis, jour que je consacre à l’administration de ma société. Parallèlement je reste en contact téléphonique régulier. Au moindre doute, j’appelle. Sarah est comme une conseillère, dès que j’ai une question, je prends mon téléphone, « Allo Sarah ? » Elle se renseigne puis m’oriente pour que je puisse reprendre la main. Au minimum, je suis en contact deux fois par semaine avec elle. C’est vraiment un apport précieux car sans le CoWork, j’aurais des papiers non-traités. À chaque étape, le dispositif s’adapte par rapport à mes besoins.

Comment peut-on améliorer le service ?

On a fait une réunion avec les autres coworkers et l’équipe pour identifier les besoins et optimiser l’accompagnement humain en termes de formation, d’espace de travail, d’équipement en ordinateurs et imprimantes. Moi j’ai la chance d’avoir un ordinateur, mais ce n’est pas le cas pour les autres coworkers. Les gens hébergés en foyer sont en difficulté et n’ont ni le matériel, ni l’espace pour travailler. Il
manque encore beaucoup de choses nécessaires pour vraiment aider les gens qui n’ont pas les moyens. Il nous faut aussi des modules de formations simples, par exemple je ne maîtrise pas encore Excel et Word, or j’en ai besoin pour gérer mes factures.

Quel conseil donneriez-vous à une personne qui a envie de monter sa boite et qui n’ose pas car elle est en situation de précarité face au logement ?

Il faut y croire ! Ici il y a vraiment des gens qui ont du cœur avec des compétences, qui veulent nous aider. Il faut savoir prendre la main des personnes qui la tendent pour se mettre sur les bons rails et mener son projet. Vous déménagez ? N’hésitez pas à le contacter !