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photo représentation publique Debout Simama

Debout Simama !

Les ateliers d’expression et de création artistiques pour les habitantes de la Halte des Femmes se sont poursuivis durant l’été grâce au fonds de soutien Respirations de la Fédération des Acteurs de la Solidarité. 

Une restitution publique a eu lieu le 11/11/2023 lors de l’inauguration de l’espace parental partagé Les Petits Gaillards de la Halte des femmes.

Debout Simama c’est un projet qui a débuté il y a 1 an avec comme objectif une création musicale par des femmes âgées entre 20 et 30 ans. La plupart d’entre elles, sont issues d’un parcours migratoire parsemé de violences et aujourd’hui hébergées à la Halte des femmes sur un site d’urbanisme transitoire fortement imprégné du « logement d’abord », le Château (Villeurbanne). Elles se reconstruisent à travers la formation d’une « troupe », pratiquent différentes disciplines artistiques, se produisent sur scène.

Projet porté par la Halte des femmes (ALYNEA), en partenariat avec le Centre Culturel Œcuménique et ses artistes associés.

Les besoins et constats ont été identifiés au cours de l’accompagnement social effectué par l’équipe salariée du dispositif d’hébergement la Halte des femmes : entretiens individuels, visites à domicile ou accompagnements extérieurs.
Depuis l’ouverture du site en novembre 2021, les femmes se sont exprimées sur leur souffrance et les travailleurs sociaux ont observé des troubles somatiques et psychiques.
Les parcours des personnes accueillies sont en effet parsemés de violences (physiques, psychiques, sexuelles), dans les pays d’origine, sur les chemins de l’exil, dans le pays dit « d’accueil ». Ces psychotraumatismes génèrent de la souffrance, entament le sommeil, l’estime de soi, la confiance en soi et en
les autres. Loin de ses repères d’appartenance, parfois en l’absence de droits possibles en France, la reconstruction est difficile et parfois semée de nouveaux traumatismes (violence institutionnelle,
conjugale etc…).

 

  • Trouver des formes de soins en santé mentale qui visent à améliorer la santé psychique et les ressentis émotionnels
  • Développer des formes d’expression de soi comme (re)construction identitaire
  • Développer la confiance en soi et envers les autres via l’appartenance à un groupe social, une troupe, et via la création artistique et la mise en valeur de ses capacités.

Les objectifs :

 

Pour les habitantes de la Halte des femmes :

  • Libérer la parole, exprimer sa colère, réinvestir son corps, ne plus le morceler, le soigner.
  • Respecter le droit des expressions des étrangers en situation de précarité.
  • Reconquérir les droits culturels et les libertés.
  • Développer des compétences transversales et transférables dans les domaines de sa vie (personnel, familial, professionnel, social, etc.)
  • Amener les personnes à sortir hors les murs, à se rendre visible, s’exposer et se faire entendre, sortir de l’anonymat.

Pour l’équipe de professionnels et l’ensemble des partenaires :

  • Adopter de nouvelles postures d’accompagnement.

Pour le public :

  • Contribuer à changer les regards de la société.
PROCHAINS RDV :
  • 11 septembre 2023 : inauguration de l’espace parental partagé de la Halte des Femmes
  • 13 octobre 2023 : inauguration de la nouvelle scène du CCO La Rayonne sur le site de l’Autre Soie (Villeurbanne)
  • 11 novembre : Biennale de l’hospitalité, organisée par la Métropole de Lyon.
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Madame C. et Monsieur V.

Un couple marqué par le sans-abrisme

Originaires de Picardie, ils quittent avec leurs 3 enfants leur maison d’Airaines en 2008 pour tenter leur chance en Corse puis à Lyon. Sans emploi, ils font face à des difficultés familiales avant de se trouver sans hébergement.

Souhaitant avant tout protéger leurs enfants et assurer leur scolarité, ils s’adressent au Conseil Général pour un placement provisoire. Ils sont orientés dans différents foyers dont le CHRS Carteret d’ALYNEA, mais la collectivité leur est difficile. Ils ne supportent ni la promiscuité, ni le cadre imposé. La collaboration avec les équipes est alors compliquée.
Pendant presque 3 ans, ils vont vivre dans la rue, abrités sous la bibliothèque universitaire rue Chevreul. La nuit, ils dorment en alternance afin que l’un des deux surveille leurs sacs à dos dans lesquels se trouve toute leur vie. En journée, ils fréquentent la Maison Rodolphe du Foyer Notre Dame des Sans Abri où ils déjeunent, se douchent, font leur lessive. Ici, ils sont suivis par Marc (prénom d’emprunt) assistant social avec qui ils seront en confiance.

« C’est la première personne qui nous a compris en repérant que le type d’hébergement qui nous conviendrait serait un appartement individuel. »

Dans la rue, leur santé se dégrade. Suzanne est hospitalisée plusieurs fois, sous-alimentée, alcoolisée, les articulations douloureuses. Les acteurs sociaux se mobilisent pour trouver une solution : Marc, la Maison de la Veille Sociale, le Samu Social 69, s’adressent au Préfet pour qu’un hébergement d’urgence soit débloqué. 5 mois plus tard, ils sont hébergés à l’hôtel.
Le couple poursuit son chemin dans un dispositif d’hébergement en appartement avec l’équipe de Polygônes d’ALYNEA qui considère que l’habitat est le point de départ de l’accompagnement.
Suzanne a arrêté de boire et soigne sa polyarthrite. Son compagnon, épileptique, suit son traitement. Grâce à des visites accompagnées par un médiateur et des entretiens téléphoniques réguliers, ils sont en lien avec leurs enfants.
Le prochain objectif est l’accès à un logement de droit commun : le bail serait d’abord signé entre le propriétaire et ALYNEA ; pendant cette durée déterminée, ils seraient sous-locataires et toujours accompagnés par Polygônes, avant que le bail « glisse » à leurs noms.

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Monsieur B.

« Rescapé de la solitude »

Monsieur B. intègre son hébergement en appartement de coordination thérapeutique en octobre 2017. Il doit alors quitter l’hébergement mis à disposition par le centre Léon Bérard où il suit un traitement médical. Même si Monsieur B. a fui, pour des raisons politiques le Congo Kinshasa, il est débouté par l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra) et par la Cour nationale du droit d’asile (CNDA). Arrivé en France blessé, il apprend qu’il est gravement malade. Soutenu par l’assistante sociale de l’hôpital, il obtient un titre de séjour pour soins qui lui permet de se faire soigner et rester sur le territoire le temps nécessaire.

« Nous les Africains, on vit ensemble, on ne connait pas la solitude. Ici j’ai beaucoup souffert de l’isolement, j’étais au fond du trou. Isolé, malade, séparé de ma famille, j’avais les pires idées. »

Depuis le début de son accompagnement par Entr’Aids, il a trouvé ce dont il avait besoin, une équipe professionnelle qui se soucie des êtres humains et qui soutient moralement les personnes. Son cadre de vie lui permet également de retrouver un vivre ensemble : des relations conviviales de voisinage, le partage de petits déjeuners et de repas avec l’équipe…

« L’hôpital m’a soigné, ALYNEA m’a sauvé la vie, je suis un rescapé. »

Lors de cette rencontre, Monsieur B. est en rémission et a retrouvé du sens dans son quotidien en tant qu’agent de sécurité aux abords de l’école, et bénévole au sein de l’association Singa (mouvement citoyen international visant à créer du lien entre personnes réfugiées). Il a pu reprendre ses fréquentations à la bibliothèque, et récupérer l’appétit et le goût de vivre.

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Monsieur BEN ATTIA

Sa création d’entreprise lui ouvre l’accès au logement

Qu’avez-vous pensé de la 1ère rencontre avec l’équipe du CoWork ?

Une opportunité à ne pas rater ! Je m’y suis tout de suite accroché. Je n’avais pas beaucoup de solutions et l’accompagnement proposé était pour moi un plus, surtout pour le volet administratif. J’ai senti que ça n’allait pas être une perte de temps.

Quel est votre quotidien depuis le début de votre activité ?

Je travaille 35h par semaine : du mercredi au samedi, dans le camion de livraison et le lundi je gère l’administratif (en tant qu’auto-entrepreneur je m’occupe de la facturation, de la communication, de la commercialisation). Le dimanche, je suis avec ma famille. J’ai embauché un livreur en CDD de 6 mois à mi-temps. Un comptable gère la paie, en prestation externe. Aujourd’hui, mon objectif est d’investir dans l’achat d’un camion. Pour l’instant, on tourne en location, et ça représente une perte d’argent conséquente, surtout lorsqu’on doit en louer deux (environ 2 jours par semaine).


Mon entreprise marche bien, c’est ce que je souhaitais ! Je rembourse mes mensualités pour le crédit que l’ADIE m’a accordé pour lancer mon activité. Je me dégage un bon salaire pour payer mon loyer et nourrir ma famille. Je suis très content ! J’ai trouvé un appartement F4 à Lyon 8, dans du neuf. Être patron avec des bons chiffres, ça change tout quand tu cherches un appartement !

La fréquence de votre accompagnement a dû évoluer depuis le mois d’août, notamment depuis le début de votre activité ?

Mon contrat d’accompagnement (de 3 mois) a été renouvelé plusieurs fois. Je viens encore une fois par semaine les lundis, jour que je consacre à l’administration de ma société. Parallèlement je reste en contact téléphonique régulier. Au moindre doute, j’appelle. Sarah est comme une conseillère, dès que j’ai une question, je prends mon téléphone, « Allo Sarah ? » Elle se renseigne puis m’oriente pour que je puisse reprendre la main. Au minimum, je suis en contact deux fois par semaine avec elle. C’est vraiment un apport précieux car sans le CoWork, j’aurais des papiers non-traités. À chaque étape, le dispositif s’adapte par rapport à mes besoins.

Comment peut-on améliorer le service ?

On a fait une réunion avec les autres coworkers et l’équipe pour identifier les besoins et optimiser l’accompagnement humain en termes de formation, d’espace de travail, d’équipement en ordinateurs et imprimantes. Moi j’ai la chance d’avoir un ordinateur, mais ce n’est pas le cas pour les autres coworkers. Les gens hébergés en foyer sont en difficulté et n’ont ni le matériel, ni l’espace pour travailler. Il
manque encore beaucoup de choses nécessaires pour vraiment aider les gens qui n’ont pas les moyens. Il nous faut aussi des modules de formations simples, par exemple je ne maîtrise pas encore Excel et Word, or j’en ai besoin pour gérer mes factures.

Quel conseil donneriez-vous à une personne qui a envie de monter sa boite et qui n’ose pas car elle est en situation de précarité face au logement ?

Il faut y croire ! Ici il y a vraiment des gens qui ont du cœur avec des compétences, qui veulent nous aider. Il faut savoir prendre la main des personnes qui la tendent pour se mettre sur les bons rails et mener son projet. Vous déménagez ? N’hésitez pas à le contacter !