Cet hiver, à Lyon, il est possible de rencontrer un enfant de 28 jours dans la rue. Cet hiver, à Lyon, il est possible de signaler une situation de famille avec deux enfants en fauteuil roulant sans qu’une prise en charge n’ait pu être proposée deux mois plus tard. Cet hiver, à Lyon, il est possible de rencontrer une jeune fille de 14 ans sous une tente la nuit.
Des forces vives supplémentaires l’hiver
Comme chaque année, l’équipe du Samu Social 69 est renforcée, durant la période hivernale, par des professionnels saisonniers (4 travailleurs sociaux et 4 infirmiers), missionnés pour intervenir en soirée auprès des personnes à la rue. L’équipe de nuit est, cette année, accompagnée par Pierre-Antoine COMPARAT, salarié de l’équipe de jour et détaché durant l’hiver pour assurer une fonction de coordination. Chaque soir, deux à trois équipages (binômes travailleurs sociaux et infirmiers) répondent aux signalements émanant du 115 et effectuent des maraudes à la rencontre des personnes en non demande. 880 places d’hébergement supplémentaires sont programmées, mais elles ouvrent progressivement.
L’hiver est particulièrement difficile puisque, début janvier, seules une vingtaine de places sont dédiées aux personnes dites « isolées » (hommes seuls, femmes seules et couples). Hormis deux places mobilisables pour une orientation d’une nuit seulement, les équipes rencontrent les personnes sans avoir la possibilité de leur proposer d’hébergement et sans réelle perspective.
Alerter sur les situations rencontrées
Alerter faute d’apporter une solution. Le service s’efforce aussi de maintenir une action privilégiée à destination de ceux qui n’ont pas recours aux dispositifs, ceux qui ne demandent plus rien. C’est précisément pour ces publics que le Samu Social a été créé… ceux qui ont renoncé pour avoir trop essayé ou pour s’être fait rejeter des cadres institutionnels qui leur sont dédiés (protection de l’enfance, services médico-sociaux…).
Le référentiel national des Samu Sociaux1, travaillé au sein de la Fédération Nationale des Samu Sociaux, conjointement avec la Fédération des acteurs de la solidarité, confirme cette orientation. Validé et même édité fin 2018 par la Direction Générale de la Cohésion Sociale, il réaffirme le sens de l’aller vers.
A ALYNEA, ce référentiel est actuellement mobilisé pour mener l’évaluation interne du Samu Social. Parmi les items évalués, celui de l’observation sociale.
Dialoguer avec les représentants de l’Etat et les élus
La maraude avec le Préfet MAILHOS a été l’occasion d’insister sur la réalité des personnes isolées à la rue, sans aucune perspective durant le plan froid. La rencontre avec le Président de la Métropole, David KIMELFELD, suivie d’une maraude, a mis en lumière les problématiques du handicap, de la petite enfance et protection de l’enfance. La cheffe de service du Samu Social 69 a aussi été invitée, le 19 décembre, à participer à la conférence de presse du Collectif des Associations Unies pour faire état de la réalité lyonnaise concernant les personnes sans-domiciles et mal-logées sans solution.
Observation, plaidoyer et nouvelles propositions
ALYNEA consolide d’ailleurs le rôle d’observatoire du Samu Social 69 en créant un poste de Direction de son Pôle Urgence, assuré par Maud BIGOT.
Il s’agit de renforcer la fonction d’observation et de plaidoyer et de proposer de nouvelles formes d’habitats, à destination des personnes qui ne trouvent pas leur place dans les dispositifs existants. Avec cette création de poste, ALYNEA refuse d’être le témoin silencieux de réalités dramatiques et se positionne comme un acteur assumant sa responsabilité en matière de lutte contre les exclusions.