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photo_maraude samu social ALYNEA David Kimefeld

Le SAMU SOCIAL 69 sensibilise les pouvoirs publics

11/01/2019

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Cet hiver, à Lyon, il est possible de rencontrer un enfant de 28 jours dans la rue. Cet hiver, à Lyon, il est possible de signaler une situation de famille avec deux enfants en fauteuil roulant sans qu’une prise en charge n’ait pu être proposée deux mois plus tard. Cet hiver, à Lyon, il est possible de rencontrer une jeune fille de 14 ans sous une tente la nuit.

Des forces vives supplémentaires l’hiver

Comme chaque année, l’équipe du Samu Social 69 est renforcée, durant la période hivernale, par des professionnels saisonniers (4 travailleurs sociaux et 4 infirmiers), missionnés pour intervenir en soirée auprès des personnes à la rue. L’équipe de nuit est, cette année, accompagnée par Pierre-Antoine COMPARAT, salarié de l’équipe de jour et détaché durant l’hiver pour assurer une fonction de coordination. Chaque soir, deux à trois équipages (binômes travailleurs sociaux et infirmiers) répondent aux signalements émanant du 115 et effectuent des maraudes à la rencontre des personnes en non demande. 880 places d’hébergement supplémentaires sont programmées, mais elles ouvrent progressivement.

L’hiver est particulièrement difficile puisque, début janvier, seules une vingtaine de places sont dédiées aux personnes dites « isolées » (hommes seuls, femmes seules et couples).  Hormis deux places mobilisables pour une orientation d’une nuit seulement, les équipes rencontrent les personnes sans avoir la possibilité de leur proposer d’hébergement et sans réelle perspective.

Alerter sur les situations rencontrées

Alerter faute d’apporter une solution. Le service s’efforce aussi de maintenir une action privilégiée à destination de ceux qui n’ont pas recours aux dispositifs, ceux qui ne demandent plus rien. C’est précisément pour ces publics que le Samu Social a été créé… ceux qui ont renoncé pour avoir trop essayé ou pour s’être fait rejeter des cadres institutionnels qui leur sont dédiés (protection de l’enfance, services médico-sociaux…).

Le référentiel national des Samu Sociaux1, travaillé au sein de la Fédération Nationale des Samu Sociaux, conjointement avec la Fédération des acteurs de la solidarité, confirme cette orientation. Validé et même édité fin 2018 par la Direction Générale de la Cohésion Sociale, il réaffirme le sens de l’aller vers.
A ALYNEA, ce référentiel est actuellement mobilisé pour mener l’évaluation interne du Samu Social. Parmi les items évalués, celui de l’observation sociale.

Dialoguer avec les représentants de l’Etat et les élus

La maraude avec le Préfet MAILHOS a été l’occasion d’insister sur la réalité des personnes isolées à la rue, sans aucune perspective durant le plan froid. La rencontre avec le Président de la Métropole, David KIMELFELD, suivie d’une maraude, a mis en lumière les problématiques du handicap, de la petite enfance et protection de l’enfance. La cheffe de service du Samu Social 69 a aussi été invitée, le 19 décembre, à participer à la conférence de presse du Collectif des Associations Unies pour faire état de la réalité lyonnaise concernant les personnes sans-domiciles et mal-logées sans solution.

Observation, plaidoyer et nouvelles propositions

ALYNEA consolide d’ailleurs le rôle d’observatoire du Samu Social 69 en créant un poste de Direction de son Pôle Urgence, assuré par Maud BIGOT.
Il s’agit de renforcer la fonction d’observation et de plaidoyer et de proposer de nouvelles formes d’habitats, à destination des personnes qui ne trouvent pas leur place dans les dispositifs existants. Avec cette création de poste, ALYNEA refuse d’être le témoin silencieux de réalités dramatiques et se positionne comme un acteur assumant sa responsabilité en matière de lutte contre les exclusions.

1 Ce référentiel s’adresse à l’ensemble des maraudes et Samu sociaux, salarié.e.s et bénévoles, qui interviennent ponctuellement ou régulièrement auprès des personnes sans-abri. S’inscrivant dans le cadre d’une démarche qualité, il a vocation à formaliser les valeurs, engagements et pratiques d’intervention au fondement de l’activité des maraudes et des Samu sociaux.
Téléchargeable ici.

Aller plus loin

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Madame C. et Monsieur V.

Un couple marqué par le sans-abrisme

Originaires de Picardie, ils quittent avec leurs 3 enfants leur maison d’Airaines en 2008 pour tenter leur chance en Corse puis à Lyon. Sans emploi, ils font face à des difficultés familiales avant de se trouver sans hébergement.

Souhaitant avant tout protéger leurs enfants et assurer leur scolarité, ils s’adressent au Conseil Général pour un placement provisoire. Ils sont orientés dans différents foyers dont le CHRS Carteret d’ALYNEA, mais la collectivité leur est difficile. Ils ne supportent ni la promiscuité, ni le cadre imposé. La collaboration avec les équipes est alors compliquée.
Pendant presque 3 ans, ils vont vivre dans la rue, abrités sous la bibliothèque universitaire rue Chevreul. La nuit, ils dorment en alternance afin que l’un des deux surveille leurs sacs à dos dans lesquels se trouve toute leur vie. En journée, ils fréquentent la Maison Rodolphe du Foyer Notre Dame des Sans Abri où ils déjeunent, se douchent, font leur lessive. Ici, ils sont suivis par Marc (prénom d’emprunt) assistant social avec qui ils seront en confiance.

« C’est la première personne qui nous a compris en repérant que le type d’hébergement qui nous conviendrait serait un appartement individuel. »

Dans la rue, leur santé se dégrade. Suzanne est hospitalisée plusieurs fois, sous-alimentée, alcoolisée, les articulations douloureuses. Les acteurs sociaux se mobilisent pour trouver une solution : Marc, la Maison de la Veille Sociale, le Samu Social 69, s’adressent au Préfet pour qu’un hébergement d’urgence soit débloqué. 5 mois plus tard, ils sont hébergés à l’hôtel.
Le couple poursuit son chemin dans un dispositif d’hébergement en appartement avec l’équipe de Polygônes d’ALYNEA qui considère que l’habitat est le point de départ de l’accompagnement.
Suzanne a arrêté de boire et soigne sa polyarthrite. Son compagnon, épileptique, suit son traitement. Grâce à des visites accompagnées par un médiateur et des entretiens téléphoniques réguliers, ils sont en lien avec leurs enfants.
Le prochain objectif est l’accès à un logement de droit commun : le bail serait d’abord signé entre le propriétaire et ALYNEA ; pendant cette durée déterminée, ils seraient sous-locataires et toujours accompagnés par Polygônes, avant que le bail « glisse » à leurs noms.

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Monsieur B.

« Rescapé de la solitude »

Monsieur B. intègre son hébergement en appartement de coordination thérapeutique en octobre 2017. Il doit alors quitter l’hébergement mis à disposition par le centre Léon Bérard où il suit un traitement médical. Même si Monsieur B. a fui, pour des raisons politiques le Congo Kinshasa, il est débouté par l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra) et par la Cour nationale du droit d’asile (CNDA). Arrivé en France blessé, il apprend qu’il est gravement malade. Soutenu par l’assistante sociale de l’hôpital, il obtient un titre de séjour pour soins qui lui permet de se faire soigner et rester sur le territoire le temps nécessaire.

« Nous les Africains, on vit ensemble, on ne connait pas la solitude. Ici j’ai beaucoup souffert de l’isolement, j’étais au fond du trou. Isolé, malade, séparé de ma famille, j’avais les pires idées. »

Depuis le début de son accompagnement par Entr’Aids, il a trouvé ce dont il avait besoin, une équipe professionnelle qui se soucie des êtres humains et qui soutient moralement les personnes. Son cadre de vie lui permet également de retrouver un vivre ensemble : des relations conviviales de voisinage, le partage de petits déjeuners et de repas avec l’équipe…

« L’hôpital m’a soigné, ALYNEA m’a sauvé la vie, je suis un rescapé. »

Lors de cette rencontre, Monsieur B. est en rémission et a retrouvé du sens dans son quotidien en tant qu’agent de sécurité aux abords de l’école, et bénévole au sein de l’association Singa (mouvement citoyen international visant à créer du lien entre personnes réfugiées). Il a pu reprendre ses fréquentations à la bibliothèque, et récupérer l’appétit et le goût de vivre.

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Monsieur BEN ATTIA

Sa création d’entreprise lui ouvre l’accès au logement

Qu’avez-vous pensé de la 1ère rencontre avec l’équipe du CoWork ?

Une opportunité à ne pas rater ! Je m’y suis tout de suite accroché. Je n’avais pas beaucoup de solutions et l’accompagnement proposé était pour moi un plus, surtout pour le volet administratif. J’ai senti que ça n’allait pas être une perte de temps.

Quel est votre quotidien depuis le début de votre activité ?

Je travaille 35h par semaine : du mercredi au samedi, dans le camion de livraison et le lundi je gère l’administratif (en tant qu’auto-entrepreneur je m’occupe de la facturation, de la communication, de la commercialisation). Le dimanche, je suis avec ma famille. J’ai embauché un livreur en CDD de 6 mois à mi-temps. Un comptable gère la paie, en prestation externe. Aujourd’hui, mon objectif est d’investir dans l’achat d’un camion. Pour l’instant, on tourne en location, et ça représente une perte d’argent conséquente, surtout lorsqu’on doit en louer deux (environ 2 jours par semaine).


Mon entreprise marche bien, c’est ce que je souhaitais ! Je rembourse mes mensualités pour le crédit que l’ADIE m’a accordé pour lancer mon activité. Je me dégage un bon salaire pour payer mon loyer et nourrir ma famille. Je suis très content ! J’ai trouvé un appartement F4 à Lyon 8, dans du neuf. Être patron avec des bons chiffres, ça change tout quand tu cherches un appartement !

La fréquence de votre accompagnement a dû évoluer depuis le mois d’août, notamment depuis le début de votre activité ?

Mon contrat d’accompagnement (de 3 mois) a été renouvelé plusieurs fois. Je viens encore une fois par semaine les lundis, jour que je consacre à l’administration de ma société. Parallèlement je reste en contact téléphonique régulier. Au moindre doute, j’appelle. Sarah est comme une conseillère, dès que j’ai une question, je prends mon téléphone, « Allo Sarah ? » Elle se renseigne puis m’oriente pour que je puisse reprendre la main. Au minimum, je suis en contact deux fois par semaine avec elle. C’est vraiment un apport précieux car sans le CoWork, j’aurais des papiers non-traités. À chaque étape, le dispositif s’adapte par rapport à mes besoins.

Comment peut-on améliorer le service ?

On a fait une réunion avec les autres coworkers et l’équipe pour identifier les besoins et optimiser l’accompagnement humain en termes de formation, d’espace de travail, d’équipement en ordinateurs et imprimantes. Moi j’ai la chance d’avoir un ordinateur, mais ce n’est pas le cas pour les autres coworkers. Les gens hébergés en foyer sont en difficulté et n’ont ni le matériel, ni l’espace pour travailler. Il
manque encore beaucoup de choses nécessaires pour vraiment aider les gens qui n’ont pas les moyens. Il nous faut aussi des modules de formations simples, par exemple je ne maîtrise pas encore Excel et Word, or j’en ai besoin pour gérer mes factures.

Quel conseil donneriez-vous à une personne qui a envie de monter sa boite et qui n’ose pas car elle est en situation de précarité face au logement ?

Il faut y croire ! Ici il y a vraiment des gens qui ont du cœur avec des compétences, qui veulent nous aider. Il faut savoir prendre la main des personnes qui la tendent pour se mettre sur les bons rails et mener son projet. Vous déménagez ? N’hésitez pas à le contacter !