Maud BIGOT, directrice opérationnelle du pôle Urgence revient sur le plan froid 2020-21 et pointe que le Samu Social 69 a pu constater une évolution des profils de personnes en situation de sans-abrisme. En synergie, les partenaires du territoire de l’urgence sociale, ont tenté de répondre à des objectifs nouveaux, allant au-delà de la gestion du «moins pire».
Suite à l’annonce de l’instauration du couvre-feu, en octobre 2020, la DDCS a demandé à ALYNEA d’engager les équipes de renfort hivernal sur le terrain, 10 jours avant le début prévu. Ainsi, une partie de l’équipe a débuté dès le 19 octobre, sans l’ensemble de la formation préalable prévue. L’ensemble de l’effectif (4 travailleurs sociaux / 4 infirmiers) a pu être déployé à compter du 1er novembre et ce jusqu’au 31 mars.
Le plan froid 2020-21 a été marqué par la crise sanitaire et plus singulièrement par les décisions politiques lui étant liées. Ainsi, du 19 octobre 2020 au 31 mars 2021, l’hiver a vu se succéder couvre-feux et confinements auxquels les personnes sans-abri rencontrées à la rue, à défaut de place d’hébergement ou de logement, n’étaient pas en mesure de se conformer.
Le plan froid 2020-21 s’est aussi inscrit dans la continuité de celui de 2019-20 avec des mises à l’abri ciblées sur les personnes « à la rue » (priorisation des places renfort hivernal, propositions de solution pour les personnes évacuées des campements).
Du 19 octobre 2020 au 31 mars 2021, les équipes ont rencontré 1519 personnes différentes (et 1689 personnes dites « anonymes* » ). Il importe de noter une augmentation importante de la proportion de personnes dites « isolées » (+37%) rencontrées par rapport au plan froid 2019-20, en dépit d’une offre d’hébergement en renfort hivernal plus importante que les hivers précédents. Cet élément tient à un décrochage structurel entre l’offre et la demande d’hébergement pour ce public depuis 5 ans.
En revanche, nous notons en parallèle une diminution du nombre de familles rencontrées. Celle-ci est à mettre en lien avec la politique « zero remise à la rue » portée sur le territoire, politique ayant bénéficié aux ménages pris en charge sur le plan froid 2019-20 et lors de l’apparition de la crise sanitaire. Elle est aussi à mettre en relation avec un changement dans les prises en charge proposées par la Métropole, cette dernière assurant désormais systématiquement l’hébergement des femmes enceintes ainsi que des femmes avec enfant de moins de 3 ans.
Cette évolution des publics à la rue démontre qu’une politique ambitieuse en matière d’hébergement/logement a un impact sur la réalité. La synergie des volontés et des acteurs autour d’un objectif politique constitue un virage fort dans le fonctionnement d’un système jusque là administré dans une logique de gestion « au moins pire ». Charge aujourd’hui aux partenaires (Etat, collectivités territoriales, associations…) d’engager cette même énergie autour d’un horizon partagé, hors plan froid et crise sanitaire, à destination de l’ensemble des personnes en attente de solution auprès de la MVS. Nous connaissons désormais collectivement, par l’expérience, le chemin à emprunter pour diminuer de manière significative le sans-abrisme sur le territoire.
Maud BIGOT – Directrice Opérationnelle du Samu Social d’ALYNEA