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Les hébergés du CHRS Carteret invités à la Journée départementale sur la participation des usagers

11/12/2015

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« Tout ce que vous faîtes pour nous, sans nous, c’est en fait contre nous que vous agissez » – Gandhi & Mandela 

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ALYNEA est soucieuse de porter la parole des sans-voix et de défendre leur implication dans la vie de la cité.

Depuis octobre 2015, Natacha GAILLARDO, ancienne chef de service du CHRS Carteret et actuellement responsable du dispositif Rue-Habitat, a participé, en lien avec 3 personnes hébergées et une travailleuse sociale du CHRS Carteret, à un groupe de réflexion, fédéré par le Département du Rhône, sur la question de la participation des usagers. Ce groupe a rassemblé diverses structures tels que la Mission régionale d’information sur l’exclusion, l’ACEPP Rhône, Agir pour Vivre (handicap), les Petits frères des pauvres, etc. En effet, et c’est bien en tant qu’acteurs que nous sommes invités à partager ensemble et faire des propositions d’évolution. La participation des usagers sera en effet au cœur de l’élaboration et de la conduite du schéma des solidarités du Département du Rhône.

Jeudi 10 décembre, à l’Hôtel du Département, a eu lieu une journée départementale pour présenter un état des lieux. Cela a été l’occasion d’une prise de paroles de Muteba NTAMBE, Jérôme RAFFARD DE BRIENNE, Mohamed GHARSALAH, hébergés au CHRS Carteret. Cela s’inscrit dans la continuité de leur participation aux Vœux des mal-logés 2013 organisés avec la Fondation Abbé Pierre et Comme à la maison, soirée festive organisée par les hébergés du CHRS Carteret en 2014 réunissant tous les partenaires, financeurs et amis du foyer.

 

Prise de parole de M. Mohamed GHARSALAH 

Je prends la parole en tant que personne concernée par le mal logement.
Ma lutte citoyenne est de dire et souhaiter que chaque personne puisse être considérée comme « normale ».
Il est nécessaire de tenter de vivre ensemble et d’avoir les mêmes opportunités : pouvoir porter les mêmes bottes et la même chemise que son voisin d’en face !
Les valeurs que je défends se nomment : égalité et fraternité.
Il est aussi important pour moi, de dire qui je suis, d’où je viens… Je souhaite être vu, sortir de l’invisible, être avec vous.
Mon parcours de vie atypique, fait de moi un expert d’expériences. L’errance, l’hébergement, le mal logement… Je peux vous en parler et pourquoi ne pas vous apporter mon éclairage même.
Ne dit-on que « plusieurs têtes valent mieux qu’une » ?! C’est pourquoi, nous nous autorisons à penser que nos témoignages peuvent participer à réaménager certains modèles de solidarités.

Prise de parole de M. Muteba NTAMBWE 
J’ai besoin de rebondir.
J’ai besoin de sortir de cette situation de personne dite hébergée. Mes difficultés sont aujourd’hui administratives.
Après avoir connu l’errance et une grande souffrance mentale, me voici depuis 3 ans sur le chemin du rétablissement.
Je suis engagé et concerné par le mal logement et participe à chaque instance qui m’est proposée. Dans nos différents échanges, je prends beaucoup de chose dans ma tête et témoigne de ma réalité.
J’ai demandé aujourd’hui à Natacha, de porter ma voix et mes mots. Je pourrais parler devant vous, mais j’ai peur.
Peur de dire une bêtise et d’être moqué. Je ne suis pas encore prêt pour un tel exercice, mais il est important que vous sachiez que chacune de mes participations citoyennes est bénéfique pour moi. Etre avec vous signifie beaucoup et vous en remercie !

 

Prise de parole de M. Jérôme RAFFARD DE BRIENNE 

Un certain Jules César a franchi le Rubicon nous avons franchi le pas – no comment !!!
Adoma, que serais-je sans toit, avec Aralis ça glisse
Référentes, référents, Je vous ai compris.
Toit, toit, mon toit !!!
La différence entre un escargot et nous : aucune, nous avons tous les deux notre maison sur notre dos.
Cher G8, nous ne sommes rien pour vous, mais nous ne sommes pas des fantômes.
Attraper le bonheur de peur qu’il ne se sauve.
Quand quelqu’un vous dit : je me tue à vous le dire, vous le laissez mourir…
Donnez-moi une chance, rassurez-vous j’en prendrai soin.
S’il vous plait, je vous sollicite avec pudeur et gentillesse, une minute de bonheur par jour, un sourire suffira.
Nous sommes des pions sur le grand échiquier de la vie, mais nous ne sommes pas voués à l’échec.
Il arrive d’avoir la tête baissée, mais gardons les yeux ouverts.
Aralis, Adoma …    branle bas de combat !!!

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Madame C. et Monsieur V.

Un couple marqué par le sans-abrisme

Originaires de Picardie, ils quittent avec leurs 3 enfants leur maison d’Airaines en 2008 pour tenter leur chance en Corse puis à Lyon. Sans emploi, ils font face à des difficultés familiales avant de se trouver sans hébergement.

Souhaitant avant tout protéger leurs enfants et assurer leur scolarité, ils s’adressent au Conseil Général pour un placement provisoire. Ils sont orientés dans différents foyers dont le CHRS Carteret d’ALYNEA, mais la collectivité leur est difficile. Ils ne supportent ni la promiscuité, ni le cadre imposé. La collaboration avec les équipes est alors compliquée.
Pendant presque 3 ans, ils vont vivre dans la rue, abrités sous la bibliothèque universitaire rue Chevreul. La nuit, ils dorment en alternance afin que l’un des deux surveille leurs sacs à dos dans lesquels se trouve toute leur vie. En journée, ils fréquentent la Maison Rodolphe du Foyer Notre Dame des Sans Abri où ils déjeunent, se douchent, font leur lessive. Ici, ils sont suivis par Marc (prénom d’emprunt) assistant social avec qui ils seront en confiance.

« C’est la première personne qui nous a compris en repérant que le type d’hébergement qui nous conviendrait serait un appartement individuel. »

Dans la rue, leur santé se dégrade. Suzanne est hospitalisée plusieurs fois, sous-alimentée, alcoolisée, les articulations douloureuses. Les acteurs sociaux se mobilisent pour trouver une solution : Marc, la Maison de la Veille Sociale, le Samu Social 69, s’adressent au Préfet pour qu’un hébergement d’urgence soit débloqué. 5 mois plus tard, ils sont hébergés à l’hôtel.
Le couple poursuit son chemin dans un dispositif d’hébergement en appartement avec l’équipe de Polygônes d’ALYNEA qui considère que l’habitat est le point de départ de l’accompagnement.
Suzanne a arrêté de boire et soigne sa polyarthrite. Son compagnon, épileptique, suit son traitement. Grâce à des visites accompagnées par un médiateur et des entretiens téléphoniques réguliers, ils sont en lien avec leurs enfants.
Le prochain objectif est l’accès à un logement de droit commun : le bail serait d’abord signé entre le propriétaire et ALYNEA ; pendant cette durée déterminée, ils seraient sous-locataires et toujours accompagnés par Polygônes, avant que le bail « glisse » à leurs noms.

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Monsieur B.

« Rescapé de la solitude »

Monsieur B. intègre son hébergement en appartement de coordination thérapeutique en octobre 2017. Il doit alors quitter l’hébergement mis à disposition par le centre Léon Bérard où il suit un traitement médical. Même si Monsieur B. a fui, pour des raisons politiques le Congo Kinshasa, il est débouté par l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra) et par la Cour nationale du droit d’asile (CNDA). Arrivé en France blessé, il apprend qu’il est gravement malade. Soutenu par l’assistante sociale de l’hôpital, il obtient un titre de séjour pour soins qui lui permet de se faire soigner et rester sur le territoire le temps nécessaire.

« Nous les Africains, on vit ensemble, on ne connait pas la solitude. Ici j’ai beaucoup souffert de l’isolement, j’étais au fond du trou. Isolé, malade, séparé de ma famille, j’avais les pires idées. »

Depuis le début de son accompagnement par Entr’Aids, il a trouvé ce dont il avait besoin, une équipe professionnelle qui se soucie des êtres humains et qui soutient moralement les personnes. Son cadre de vie lui permet également de retrouver un vivre ensemble : des relations conviviales de voisinage, le partage de petits déjeuners et de repas avec l’équipe…

« L’hôpital m’a soigné, ALYNEA m’a sauvé la vie, je suis un rescapé. »

Lors de cette rencontre, Monsieur B. est en rémission et a retrouvé du sens dans son quotidien en tant qu’agent de sécurité aux abords de l’école, et bénévole au sein de l’association Singa (mouvement citoyen international visant à créer du lien entre personnes réfugiées). Il a pu reprendre ses fréquentations à la bibliothèque, et récupérer l’appétit et le goût de vivre.

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Monsieur BEN ATTIA

Sa création d’entreprise lui ouvre l’accès au logement

Qu’avez-vous pensé de la 1ère rencontre avec l’équipe du CoWork ?

Une opportunité à ne pas rater ! Je m’y suis tout de suite accroché. Je n’avais pas beaucoup de solutions et l’accompagnement proposé était pour moi un plus, surtout pour le volet administratif. J’ai senti que ça n’allait pas être une perte de temps.

Quel est votre quotidien depuis le début de votre activité ?

Je travaille 35h par semaine : du mercredi au samedi, dans le camion de livraison et le lundi je gère l’administratif (en tant qu’auto-entrepreneur je m’occupe de la facturation, de la communication, de la commercialisation). Le dimanche, je suis avec ma famille. J’ai embauché un livreur en CDD de 6 mois à mi-temps. Un comptable gère la paie, en prestation externe. Aujourd’hui, mon objectif est d’investir dans l’achat d’un camion. Pour l’instant, on tourne en location, et ça représente une perte d’argent conséquente, surtout lorsqu’on doit en louer deux (environ 2 jours par semaine).


Mon entreprise marche bien, c’est ce que je souhaitais ! Je rembourse mes mensualités pour le crédit que l’ADIE m’a accordé pour lancer mon activité. Je me dégage un bon salaire pour payer mon loyer et nourrir ma famille. Je suis très content ! J’ai trouvé un appartement F4 à Lyon 8, dans du neuf. Être patron avec des bons chiffres, ça change tout quand tu cherches un appartement !

La fréquence de votre accompagnement a dû évoluer depuis le mois d’août, notamment depuis le début de votre activité ?

Mon contrat d’accompagnement (de 3 mois) a été renouvelé plusieurs fois. Je viens encore une fois par semaine les lundis, jour que je consacre à l’administration de ma société. Parallèlement je reste en contact téléphonique régulier. Au moindre doute, j’appelle. Sarah est comme une conseillère, dès que j’ai une question, je prends mon téléphone, « Allo Sarah ? » Elle se renseigne puis m’oriente pour que je puisse reprendre la main. Au minimum, je suis en contact deux fois par semaine avec elle. C’est vraiment un apport précieux car sans le CoWork, j’aurais des papiers non-traités. À chaque étape, le dispositif s’adapte par rapport à mes besoins.

Comment peut-on améliorer le service ?

On a fait une réunion avec les autres coworkers et l’équipe pour identifier les besoins et optimiser l’accompagnement humain en termes de formation, d’espace de travail, d’équipement en ordinateurs et imprimantes. Moi j’ai la chance d’avoir un ordinateur, mais ce n’est pas le cas pour les autres coworkers. Les gens hébergés en foyer sont en difficulté et n’ont ni le matériel, ni l’espace pour travailler. Il
manque encore beaucoup de choses nécessaires pour vraiment aider les gens qui n’ont pas les moyens. Il nous faut aussi des modules de formations simples, par exemple je ne maîtrise pas encore Excel et Word, or j’en ai besoin pour gérer mes factures.

Quel conseil donneriez-vous à une personne qui a envie de monter sa boite et qui n’ose pas car elle est en situation de précarité face au logement ?

Il faut y croire ! Ici il y a vraiment des gens qui ont du cœur avec des compétences, qui veulent nous aider. Il faut savoir prendre la main des personnes qui la tendent pour se mettre sur les bons rails et mener son projet. Vous déménagez ? N’hésitez pas à le contacter !