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#RÉAGIR : raccrocher les jeunes vers la formation et l’emploi

27/07/2021

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#RÉAGIR : raccrocher les jeunes vers la formation et l’emploi #Réagir est un dispositif multipartenarial porté par la Mission Locale de Givors dans lequel est inscrit ALYNEA, et plus particulièrement son pole Insertion-Formation. Il s’agit de repérer et mobiliser les jeunes dits invisibles qui sortent des parcours traditionnels. Plus précisément, sont ciblés les 16-29 ans, sans emploi, sans formation, et sans accompagnement, résidant sur le territoire Rhône Sud.

Rencontre avec Jannick KERVREN – conseillère en insertion professionnelle (CIP) mobile d’ALYNEA, intervenant sur le dispositif #REAGIR, dans une démarche d’aller vers.

Qu’entends-tu par aller-vers ?
Il y a le déplacement physique. Je vais à la rencontre des jeunes, dans les quartiers, à domicile ou dans les lieux fréquentés par les familles comme les centres sociaux ou le marché, ce qui permet aux parents de rencontrer quelqu’un à qui parler de leurs enfants qui restent à la maison.
Mais l’aller-vers c’est aussi une ouverture vers le jeune dans sa globalité et surtout sans jugement. L’objectif est d’établir une relation de confiance pour tenter de construire, avec lui, un projet adapté à sa demande et à son parcours.

Te déplaces-tu beaucoup dans une semaine ?
Oui c’est assez sportif ! Le travail n’est pas le même pour des jeunes d’un Quartier Prioritaire de Ville que pour ceux qui vivent en milieu rural.
Je me déplace également à la rencontre de nos différents partenaires car nous avons construit un réseau très dynamique au sein de ce dispositif et il est important de maintenir ce lien.
En assurant un service de proximité, mon objectif est de faciliter la mise en lien entre les jeunes et les différentes structures présentes sur le territoire Rhône Sud pouvant les aider dans leur parcours.

Les structures partenaires de #Réagir proposent à la carte, différentes actions :

  • Promeneur du Net (Le PIJ Condrieu)
  • Coaching Emploi (Mission Locale)
  • Mobilité (Apprentis d’Auteuil)
  • Chantier (Lyon Métropole Habitat)
  • Sas Linguistique (CEFI)
  • Soutien à la parentalité (CIDFF)
  • Accompagnement psychologique (CRIJ)
  • Inclusion Numérique et CIP Mobile (ALYNEA).

Peux-tu nous parler de l’une de tes rencontres ?
J’ai rencontré Max début août 2020, à la demande de l’Aide Sociale à l’Enfance. À 17 ans, il est sans activité après avoir vécu dans différents foyers et décroché l’école à 14 ans.

La 1ère fois, je l’ai rencontré à domicile, chez sa mère que j’avais appelée au préalable. Max était souriant, ouvert à la discussion. Il m’a présenté ses 2 frères.

Max m’a dit qu’il en avait assez de ne rien faire et qu’il aimerait découvrir la carrosserie ou bien travailler en plein air.
Je lui ai alors expliqué la possibilité de faire un stage dans un garage pour découvrir le métier. Je lui ai proposé de créer ensemble un CV et d’aller re- chercher ensemble un garage sur Givors. Max était partant et je lui ai donné rdv la semaine suivante.

As-tu réussi à avancer avec Max ?
On a beaucoup discuté et j’ai compris que Max avait surtout besoin d’action.
Malgré le contexte sanitaire, il a réussi à se redynamiser. Nous avons fait une première inscription à la Mission Locale pour lui permettre d’effectuer des stages et nous avons créé un CV.
J’ai pu l’inscrire à un chantier de Street Art organisé par les éducateurs de la Sauvegarde 69. Il était super motivé et plus que ponctuel. Il a énormément apprécié être au contact d’adultes et de percevoir un premier salaire.
Suite au chantier, j’ai senti qu’il était dans une bonne dynamique et qu’il fallait maintenir ce rythme. En accord avec sa conseillère Mission Locale, nous l’avons inscrit en Garantie Jeune dès le mois de janvier.
Aujourd’hui Max continue à travailler son projet professionnel avec sa conseillère autour d’un travail en plein air en tant qu’ouvrier agricole.
Il m’explique aussi qu’il voudrait rapidement aider sa mère financièrement car c’est compliqué à la maison. Nous venons de remettre son CV à jour et Max vient de se racheter un téléphone pour être joignable par un futur employeur.

Quelles différences vois-tu avec un accompagnement classique ?
Avec les jeunes que l’on appelle invisibles, il faut s’adapter au quotidien et tout prend beaucoup plus de temps.

Max n’était pas au rdv de la semaine suivante car des tensions à la maison avaient ressurgi.

Après avoir échangé avec ses éducateurs, j’ai repris contact avec lui deux semaines plus tard. Selon les périodes, c’est compliqué de le joindre. Je passe chez eux chaque semaine quand je n’ai pas réussi à le contacter.

Le plus important, c’est d’entretenir le lien.

Comment envisages-tu l’avenir avec Max ?
La recherche d’emploi n’est pas simple en cette période de crise sanitaire, d’autant plus pour un jeune mineur, sans permis, non véhiculé et pas toujours joignable.

Max aura 18 ans cet été et nous pourrons proposer sa candidature au chantier d’insertion Les Potagers du Garon à Grigny ainsi qu’aux Brigades Vertes.
En attendant, nous postulons à des emplois saisonniers et je travaille en parallèle avec différents partenaires, pour trouver d’autres possibilités pour la période estivale.

Aller plus loin

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Madame C. et Monsieur V.

Un couple marqué par le sans-abrisme

Originaires de Picardie, ils quittent avec leurs 3 enfants leur maison d’Airaines en 2008 pour tenter leur chance en Corse puis à Lyon. Sans emploi, ils font face à des difficultés familiales avant de se trouver sans hébergement.

Souhaitant avant tout protéger leurs enfants et assurer leur scolarité, ils s’adressent au Conseil Général pour un placement provisoire. Ils sont orientés dans différents foyers dont le CHRS Carteret d’ALYNEA, mais la collectivité leur est difficile. Ils ne supportent ni la promiscuité, ni le cadre imposé. La collaboration avec les équipes est alors compliquée.
Pendant presque 3 ans, ils vont vivre dans la rue, abrités sous la bibliothèque universitaire rue Chevreul. La nuit, ils dorment en alternance afin que l’un des deux surveille leurs sacs à dos dans lesquels se trouve toute leur vie. En journée, ils fréquentent la Maison Rodolphe du Foyer Notre Dame des Sans Abri où ils déjeunent, se douchent, font leur lessive. Ici, ils sont suivis par Marc (prénom d’emprunt) assistant social avec qui ils seront en confiance.

« C’est la première personne qui nous a compris en repérant que le type d’hébergement qui nous conviendrait serait un appartement individuel. »

Dans la rue, leur santé se dégrade. Suzanne est hospitalisée plusieurs fois, sous-alimentée, alcoolisée, les articulations douloureuses. Les acteurs sociaux se mobilisent pour trouver une solution : Marc, la Maison de la Veille Sociale, le Samu Social 69, s’adressent au Préfet pour qu’un hébergement d’urgence soit débloqué. 5 mois plus tard, ils sont hébergés à l’hôtel.
Le couple poursuit son chemin dans un dispositif d’hébergement en appartement avec l’équipe de Polygônes d’ALYNEA qui considère que l’habitat est le point de départ de l’accompagnement.
Suzanne a arrêté de boire et soigne sa polyarthrite. Son compagnon, épileptique, suit son traitement. Grâce à des visites accompagnées par un médiateur et des entretiens téléphoniques réguliers, ils sont en lien avec leurs enfants.
Le prochain objectif est l’accès à un logement de droit commun : le bail serait d’abord signé entre le propriétaire et ALYNEA ; pendant cette durée déterminée, ils seraient sous-locataires et toujours accompagnés par Polygônes, avant que le bail « glisse » à leurs noms.

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Monsieur B.

« Rescapé de la solitude »

Monsieur B. intègre son hébergement en appartement de coordination thérapeutique en octobre 2017. Il doit alors quitter l’hébergement mis à disposition par le centre Léon Bérard où il suit un traitement médical. Même si Monsieur B. a fui, pour des raisons politiques le Congo Kinshasa, il est débouté par l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra) et par la Cour nationale du droit d’asile (CNDA). Arrivé en France blessé, il apprend qu’il est gravement malade. Soutenu par l’assistante sociale de l’hôpital, il obtient un titre de séjour pour soins qui lui permet de se faire soigner et rester sur le territoire le temps nécessaire.

« Nous les Africains, on vit ensemble, on ne connait pas la solitude. Ici j’ai beaucoup souffert de l’isolement, j’étais au fond du trou. Isolé, malade, séparé de ma famille, j’avais les pires idées. »

Depuis le début de son accompagnement par Entr’Aids, il a trouvé ce dont il avait besoin, une équipe professionnelle qui se soucie des êtres humains et qui soutient moralement les personnes. Son cadre de vie lui permet également de retrouver un vivre ensemble : des relations conviviales de voisinage, le partage de petits déjeuners et de repas avec l’équipe…

« L’hôpital m’a soigné, ALYNEA m’a sauvé la vie, je suis un rescapé. »

Lors de cette rencontre, Monsieur B. est en rémission et a retrouvé du sens dans son quotidien en tant qu’agent de sécurité aux abords de l’école, et bénévole au sein de l’association Singa (mouvement citoyen international visant à créer du lien entre personnes réfugiées). Il a pu reprendre ses fréquentations à la bibliothèque, et récupérer l’appétit et le goût de vivre.

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Monsieur BEN ATTIA

Sa création d’entreprise lui ouvre l’accès au logement

Qu’avez-vous pensé de la 1ère rencontre avec l’équipe du CoWork ?

Une opportunité à ne pas rater ! Je m’y suis tout de suite accroché. Je n’avais pas beaucoup de solutions et l’accompagnement proposé était pour moi un plus, surtout pour le volet administratif. J’ai senti que ça n’allait pas être une perte de temps.

Quel est votre quotidien depuis le début de votre activité ?

Je travaille 35h par semaine : du mercredi au samedi, dans le camion de livraison et le lundi je gère l’administratif (en tant qu’auto-entrepreneur je m’occupe de la facturation, de la communication, de la commercialisation). Le dimanche, je suis avec ma famille. J’ai embauché un livreur en CDD de 6 mois à mi-temps. Un comptable gère la paie, en prestation externe. Aujourd’hui, mon objectif est d’investir dans l’achat d’un camion. Pour l’instant, on tourne en location, et ça représente une perte d’argent conséquente, surtout lorsqu’on doit en louer deux (environ 2 jours par semaine).


Mon entreprise marche bien, c’est ce que je souhaitais ! Je rembourse mes mensualités pour le crédit que l’ADIE m’a accordé pour lancer mon activité. Je me dégage un bon salaire pour payer mon loyer et nourrir ma famille. Je suis très content ! J’ai trouvé un appartement F4 à Lyon 8, dans du neuf. Être patron avec des bons chiffres, ça change tout quand tu cherches un appartement !

La fréquence de votre accompagnement a dû évoluer depuis le mois d’août, notamment depuis le début de votre activité ?

Mon contrat d’accompagnement (de 3 mois) a été renouvelé plusieurs fois. Je viens encore une fois par semaine les lundis, jour que je consacre à l’administration de ma société. Parallèlement je reste en contact téléphonique régulier. Au moindre doute, j’appelle. Sarah est comme une conseillère, dès que j’ai une question, je prends mon téléphone, « Allo Sarah ? » Elle se renseigne puis m’oriente pour que je puisse reprendre la main. Au minimum, je suis en contact deux fois par semaine avec elle. C’est vraiment un apport précieux car sans le CoWork, j’aurais des papiers non-traités. À chaque étape, le dispositif s’adapte par rapport à mes besoins.

Comment peut-on améliorer le service ?

On a fait une réunion avec les autres coworkers et l’équipe pour identifier les besoins et optimiser l’accompagnement humain en termes de formation, d’espace de travail, d’équipement en ordinateurs et imprimantes. Moi j’ai la chance d’avoir un ordinateur, mais ce n’est pas le cas pour les autres coworkers. Les gens hébergés en foyer sont en difficulté et n’ont ni le matériel, ni l’espace pour travailler. Il
manque encore beaucoup de choses nécessaires pour vraiment aider les gens qui n’ont pas les moyens. Il nous faut aussi des modules de formations simples, par exemple je ne maîtrise pas encore Excel et Word, or j’en ai besoin pour gérer mes factures.

Quel conseil donneriez-vous à une personne qui a envie de monter sa boite et qui n’ose pas car elle est en situation de précarité face au logement ?

Il faut y croire ! Ici il y a vraiment des gens qui ont du cœur avec des compétences, qui veulent nous aider. Il faut savoir prendre la main des personnes qui la tendent pour se mettre sur les bons rails et mener son projet. Vous déménagez ? N’hésitez pas à le contacter !