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SOLIDARITÉ mise en lumière pendant le confinement

20/06/2020

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Invités à faire le bilan de la crise sanitaire, nous pouvons aujourd’hui en tirer quelques grandes lignes, même si cet épisode a été vécu de manières diverses, tant individuellement et que collectivement.

Alors que le confinement est annoncé encore à demi-mots par le gouvernement, la direction d’ALYNEA présente son plan de continuité de service lundi 16 mars. Même si on le présageait tous, un sentiment de soudaineté s’empare les différents services de l’association, placés alors dans l’immédiateté de la gestion de l’urgence. Et face au virus, nous ne sommes pas dans un rapport de force favorable puisque le risque de maladie et de mort rode.

Notre point d’ancrage grâce au cadre existant d’avant la crise : Un cadre déontologique fondé sur des valeurs associatives, appliqué et adapté au quotidien par les professionnels en fonction des dispositifs, de leurs publics, des équipements / bâtiments à disposition, etc.

Notre soutien : un cadre renforcé par des mesures de sécurité sanitaires déployées.

Le confinement : un révélateur de nos capacités d’adaptabilité et de créativité tant pour les personnes accompagnées que pour les salariés.

– Solidarité intra-associative, attention forte les uns envers les autres, renforcement des liens, soutien volontaire inter-service.
– Prise de conscience partagée : nous avons tous été placés au même niveau de responsabilité face au virus et co-responsables les uns des autres.
– Requestionnement dans les pratiques professionnelles.
– Acceptation d’une modification des missions.
– Collaboration inter-associative renforcée.

« Le 1er réflexe d’inquiétude légitime a vite laissé la place à une solidarité dans le vivre ensemble convoquant une bienveillance mutuelle. « Si je ne fais pas attention à moi, je ne fais pas attention aux autres ». Le port du masque s’est fait naturellement, la petite brigade ménage s’est mise en place rapidement, tous les matins et tous les soirs, nettoyage poignées, rambardes, portes, etc. Les tensions se sont régulées, mettant en lumière des moments uniques de partage (préparation des repas pour les autres CHRS et maraudes, concours culinaires, etc.). Au final DES PAS DE COTES PAR TOUTES ET TOUS, autant pour les professionnel.le.s que pour les résidentes, déjà très impliquées dans les diverses instances dédiées, nous franchissons avec elles une étape de plus vers un partenariat assumé et revendiqué.»
Rachida JARDEL, cheffe de service du CHRS Point Nuit.

Pendant le confinement, soucieuse de garder contact avec les personnes accompagnées par ALYNEA, Aïcha Hadj Chikh, intervenante de proximité en télétravail, leur téléphonait pour prendre des nouvelles.

«Le plus impactant pour nous c’était la fermeture au public des bureaux des services comme la CAF, la CPAM, Pôle Emploi et la Préfecture, ce qui nous a freiné dans nos démarches administratives.»
Personne hébergée au CHRS Cléberg

«Le confinement dans le foyer s’est bien passé. Nous étions bien entourées par les travailleurs sociaux et la cheffe de service. Quand nous n’avions pas le moral on pouvait compter sur eux pour discuter avec nous.»
Résidente du CHRS Point Nuit

«Parfois, on perdait le moral. Les enfants étaient tout le temps à la maison, énervés de ne pas pouvoir sortir. Et puis, il fallait faire la maitresse et ce n’était pas simple pour nous.» Famille hébergée CHRS Régis

«Il y avait une bonne ambiance et une bonne entente entre les familles du foyer, ça c’était génial ! On pouvait se parler sans se disputer.»
Personne hébergée à l’accueil mère-enfant l’Auvent

«Ce confinement a permis d’avoir une vie familiale plus épanouie, d’avoir du temps avec nos enfants, d’être plus proche d’eux, de leur donner plus d’attention et d’affection.»
Personne hébergée à l’accueil mère-enfant l’Auvent

«Ce qui était dur à vivre, c’était de ne pas pouvoir sortir et de devoir remplir des dérogations justifiant pourquoi on était dehors. Et quand tu es en situation irrégulière, tu as peur de te faire contrôler par la police.» Famille hébergée au Service d’Accompagnement Vers et dans l’Habitat

«Pour certaines d’entre nous, le confinement nous a fait du bien. Cela nous a permis de nous reposer et de pouvoir réfléchir à notre situation pour plus tard, même si par moment on était angoissé et stressé.»
Résidente du CHRS Point Nuit

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Madame C. et Monsieur V.

Un couple marqué par le sans-abrisme

Originaires de Picardie, ils quittent avec leurs 3 enfants leur maison d’Airaines en 2008 pour tenter leur chance en Corse puis à Lyon. Sans emploi, ils font face à des difficultés familiales avant de se trouver sans hébergement.

Souhaitant avant tout protéger leurs enfants et assurer leur scolarité, ils s’adressent au Conseil Général pour un placement provisoire. Ils sont orientés dans différents foyers dont le CHRS Carteret d’ALYNEA, mais la collectivité leur est difficile. Ils ne supportent ni la promiscuité, ni le cadre imposé. La collaboration avec les équipes est alors compliquée.
Pendant presque 3 ans, ils vont vivre dans la rue, abrités sous la bibliothèque universitaire rue Chevreul. La nuit, ils dorment en alternance afin que l’un des deux surveille leurs sacs à dos dans lesquels se trouve toute leur vie. En journée, ils fréquentent la Maison Rodolphe du Foyer Notre Dame des Sans Abri où ils déjeunent, se douchent, font leur lessive. Ici, ils sont suivis par Marc (prénom d’emprunt) assistant social avec qui ils seront en confiance.

« C’est la première personne qui nous a compris en repérant que le type d’hébergement qui nous conviendrait serait un appartement individuel. »

Dans la rue, leur santé se dégrade. Suzanne est hospitalisée plusieurs fois, sous-alimentée, alcoolisée, les articulations douloureuses. Les acteurs sociaux se mobilisent pour trouver une solution : Marc, la Maison de la Veille Sociale, le Samu Social 69, s’adressent au Préfet pour qu’un hébergement d’urgence soit débloqué. 5 mois plus tard, ils sont hébergés à l’hôtel.
Le couple poursuit son chemin dans un dispositif d’hébergement en appartement avec l’équipe de Polygônes d’ALYNEA qui considère que l’habitat est le point de départ de l’accompagnement.
Suzanne a arrêté de boire et soigne sa polyarthrite. Son compagnon, épileptique, suit son traitement. Grâce à des visites accompagnées par un médiateur et des entretiens téléphoniques réguliers, ils sont en lien avec leurs enfants.
Le prochain objectif est l’accès à un logement de droit commun : le bail serait d’abord signé entre le propriétaire et ALYNEA ; pendant cette durée déterminée, ils seraient sous-locataires et toujours accompagnés par Polygônes, avant que le bail « glisse » à leurs noms.

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Monsieur B.

« Rescapé de la solitude »

Monsieur B. intègre son hébergement en appartement de coordination thérapeutique en octobre 2017. Il doit alors quitter l’hébergement mis à disposition par le centre Léon Bérard où il suit un traitement médical. Même si Monsieur B. a fui, pour des raisons politiques le Congo Kinshasa, il est débouté par l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra) et par la Cour nationale du droit d’asile (CNDA). Arrivé en France blessé, il apprend qu’il est gravement malade. Soutenu par l’assistante sociale de l’hôpital, il obtient un titre de séjour pour soins qui lui permet de se faire soigner et rester sur le territoire le temps nécessaire.

« Nous les Africains, on vit ensemble, on ne connait pas la solitude. Ici j’ai beaucoup souffert de l’isolement, j’étais au fond du trou. Isolé, malade, séparé de ma famille, j’avais les pires idées. »

Depuis le début de son accompagnement par Entr’Aids, il a trouvé ce dont il avait besoin, une équipe professionnelle qui se soucie des êtres humains et qui soutient moralement les personnes. Son cadre de vie lui permet également de retrouver un vivre ensemble : des relations conviviales de voisinage, le partage de petits déjeuners et de repas avec l’équipe…

« L’hôpital m’a soigné, ALYNEA m’a sauvé la vie, je suis un rescapé. »

Lors de cette rencontre, Monsieur B. est en rémission et a retrouvé du sens dans son quotidien en tant qu’agent de sécurité aux abords de l’école, et bénévole au sein de l’association Singa (mouvement citoyen international visant à créer du lien entre personnes réfugiées). Il a pu reprendre ses fréquentations à la bibliothèque, et récupérer l’appétit et le goût de vivre.

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Monsieur BEN ATTIA

Sa création d’entreprise lui ouvre l’accès au logement

Qu’avez-vous pensé de la 1ère rencontre avec l’équipe du CoWork ?

Une opportunité à ne pas rater ! Je m’y suis tout de suite accroché. Je n’avais pas beaucoup de solutions et l’accompagnement proposé était pour moi un plus, surtout pour le volet administratif. J’ai senti que ça n’allait pas être une perte de temps.

Quel est votre quotidien depuis le début de votre activité ?

Je travaille 35h par semaine : du mercredi au samedi, dans le camion de livraison et le lundi je gère l’administratif (en tant qu’auto-entrepreneur je m’occupe de la facturation, de la communication, de la commercialisation). Le dimanche, je suis avec ma famille. J’ai embauché un livreur en CDD de 6 mois à mi-temps. Un comptable gère la paie, en prestation externe. Aujourd’hui, mon objectif est d’investir dans l’achat d’un camion. Pour l’instant, on tourne en location, et ça représente une perte d’argent conséquente, surtout lorsqu’on doit en louer deux (environ 2 jours par semaine).


Mon entreprise marche bien, c’est ce que je souhaitais ! Je rembourse mes mensualités pour le crédit que l’ADIE m’a accordé pour lancer mon activité. Je me dégage un bon salaire pour payer mon loyer et nourrir ma famille. Je suis très content ! J’ai trouvé un appartement F4 à Lyon 8, dans du neuf. Être patron avec des bons chiffres, ça change tout quand tu cherches un appartement !

La fréquence de votre accompagnement a dû évoluer depuis le mois d’août, notamment depuis le début de votre activité ?

Mon contrat d’accompagnement (de 3 mois) a été renouvelé plusieurs fois. Je viens encore une fois par semaine les lundis, jour que je consacre à l’administration de ma société. Parallèlement je reste en contact téléphonique régulier. Au moindre doute, j’appelle. Sarah est comme une conseillère, dès que j’ai une question, je prends mon téléphone, « Allo Sarah ? » Elle se renseigne puis m’oriente pour que je puisse reprendre la main. Au minimum, je suis en contact deux fois par semaine avec elle. C’est vraiment un apport précieux car sans le CoWork, j’aurais des papiers non-traités. À chaque étape, le dispositif s’adapte par rapport à mes besoins.

Comment peut-on améliorer le service ?

On a fait une réunion avec les autres coworkers et l’équipe pour identifier les besoins et optimiser l’accompagnement humain en termes de formation, d’espace de travail, d’équipement en ordinateurs et imprimantes. Moi j’ai la chance d’avoir un ordinateur, mais ce n’est pas le cas pour les autres coworkers. Les gens hébergés en foyer sont en difficulté et n’ont ni le matériel, ni l’espace pour travailler. Il
manque encore beaucoup de choses nécessaires pour vraiment aider les gens qui n’ont pas les moyens. Il nous faut aussi des modules de formations simples, par exemple je ne maîtrise pas encore Excel et Word, or j’en ai besoin pour gérer mes factures.

Quel conseil donneriez-vous à une personne qui a envie de monter sa boite et qui n’ose pas car elle est en situation de précarité face au logement ?

Il faut y croire ! Ici il y a vraiment des gens qui ont du cœur avec des compétences, qui veulent nous aider. Il faut savoir prendre la main des personnes qui la tendent pour se mettre sur les bons rails et mener son projet. Vous déménagez ? N’hésitez pas à le contacter !