Invités à faire le bilan de la crise sanitaire, nous pouvons aujourd’hui en tirer quelques grandes lignes, même si cet épisode a été vécu de manières diverses, tant individuellement et que collectivement.
Alors que le confinement est annoncé encore à demi-mots par le gouvernement, la direction d’ALYNEA présente son plan de continuité de service lundi 16 mars. Même si on le présageait tous, un sentiment de soudaineté s’empare les différents services de l’association, placés alors dans l’immédiateté de la gestion de l’urgence. Et face au virus, nous ne sommes pas dans un rapport de force favorable puisque le risque de maladie et de mort rode.
Notre point d’ancrage grâce au cadre existant d’avant la crise : Un cadre déontologique fondé sur des valeurs associatives, appliqué et adapté au quotidien par les professionnels en fonction des dispositifs, de leurs publics, des équipements / bâtiments à disposition, etc.
Notre soutien : un cadre renforcé par des mesures de sécurité sanitaires déployées.
Le confinement : un révélateur de nos capacités d’adaptabilité et de créativité tant pour les personnes accompagnées que pour les salariés.
– Solidarité intra-associative, attention forte les uns envers les autres, renforcement des liens, soutien volontaire inter-service.
– Prise de conscience partagée : nous avons tous été placés au même niveau de responsabilité face au virus et co-responsables les uns des autres.
– Requestionnement dans les pratiques professionnelles.
– Acceptation d’une modification des missions.
– Collaboration inter-associative renforcée.
« Le 1er réflexe d’inquiétude légitime a vite laissé la place à une solidarité dans le vivre ensemble convoquant une bienveillance mutuelle. « Si je ne fais pas attention à moi, je ne fais pas attention aux autres ». Le port du masque s’est fait naturellement, la petite brigade ménage s’est mise en place rapidement, tous les matins et tous les soirs, nettoyage poignées, rambardes, portes, etc. Les tensions se sont régulées, mettant en lumière des moments uniques de partage (préparation des repas pour les autres CHRS et maraudes, concours culinaires, etc.). Au final DES PAS DE COTES PAR TOUTES ET TOUS, autant pour les professionnel.le.s que pour les résidentes, déjà très impliquées dans les diverses instances dédiées, nous franchissons avec elles une étape de plus vers un partenariat assumé et revendiqué.»
Rachida JARDEL, cheffe de service du CHRS Point Nuit.
Pendant le confinement, soucieuse de garder contact avec les personnes accompagnées par ALYNEA, Aïcha Hadj Chikh, intervenante de proximité en télétravail, leur téléphonait pour prendre des nouvelles.
«Le plus impactant pour nous c’était la fermeture au public des bureaux des services comme la CAF, la CPAM, Pôle Emploi et la Préfecture, ce qui nous a freiné dans nos démarches administratives.»
Personne hébergée au CHRS Cléberg«Le confinement dans le foyer s’est bien passé. Nous étions bien entourées par les travailleurs sociaux et la cheffe de service. Quand nous n’avions pas le moral on pouvait compter sur eux pour discuter avec nous.»
Résidente du CHRS Point Nuit«Parfois, on perdait le moral. Les enfants étaient tout le temps à la maison, énervés de ne pas pouvoir sortir. Et puis, il fallait faire la maitresse et ce n’était pas simple pour nous.» Famille hébergée CHRS Régis
«Il y avait une bonne ambiance et une bonne entente entre les familles du foyer, ça c’était génial ! On pouvait se parler sans se disputer.»
Personne hébergée à l’accueil mère-enfant l’Auvent
«Ce confinement a permis d’avoir une vie familiale plus épanouie, d’avoir du temps avec nos enfants, d’être plus proche d’eux, de leur donner plus d’attention et d’affection.»
Personne hébergée à l’accueil mère-enfant l’Auvent«Ce qui était dur à vivre, c’était de ne pas pouvoir sortir et de devoir remplir des dérogations justifiant pourquoi on était dehors. Et quand tu es en situation irrégulière, tu as peur de te faire contrôler par la police.» Famille hébergée au Service d’Accompagnement Vers et dans l’Habitat
«Pour certaines d’entre nous, le confinement nous a fait du bien. Cela nous a permis de nous reposer et de pouvoir réfléchir à notre situation pour plus tard, même si par moment on était angoissé et stressé.»
Résidente du CHRS Point Nuit