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Inauguration des Appartements de coordination thérapeutique Entr'aids

Inauguration Vendredi 7 octobre 2022

Dispositif mobilisé dans la lutte contre les inégalités liées à la Santé.

Treize ans ! Telle est aujourd’hui, la différence d’espérance de vie entre les plus favorisés et les plus modestes en France selon l’INSEE. Un récent rapport de la Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques (DRESS) l’affirme : les problèmes de santé touchent plus fréquemment les plus modestes, avec des chiffres sans appels : 2,8 fois plus de développement de diabète que chez les plus aisés. Près de 2 fois plus de maladies chroniques du foie ou du pancréas (hors mucoviscidose) et des maladies psychiatriques. Un surrisque, également, de maladies neurologiques ou dégénératives et des maladies cardio-neurovasculaires.


Par ailleurs, comme le promeut l’organisation mondiale de la Santé, « la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». Cette vision d’approche globale de la santé place donc la question sociale est au cœur du sujet.

Témoignage d’une personne accompagné par Entr’aids dans le cadre d’un hébergement en appartement de coordination thérapeutique.

Monsieur M. est âgé de 23 ans. Il est arrivé seul du Kosovo le 25 août 2019, suite à un diagnostic d’insuffisance rénale sur malformation. Il est dialysé au Kosovo et entreprend de venir en France pour une greffe puisque c’est le traitement définitif et que celui-ci n’est pas permis au Kosovo.
« Quand je suis arrivé le 26/11/2020 aux ACT, à l’époque j’avais fait une demande d’asile, mais j’ai reçu une réponse négative et j’ai dû quitter le foyer. ALYNEA était là pour moi, l’assistante sociale a fait une demande (de quoi ?) parce que j’étais un candidat potentiel, même si la procédure n’était pas finie pour ne pas être dehors, c’était un bon choix.
Puis, avec l’aide de l’assistante sociale, et de mon avocat, j’ai fait une procédure « d’étranger malade » le 08/12/2020, deux semaines après mon arrivée. On a dû faire 2 fois le parcours parce qu’il y avait une incompréhension sur mon dossier.

Si je n’avais pas fait ça, j’aurais reçu une OQTF. L’assistante sociale a réglé ça, heureusement.
Avec ALYNEA, je me sens accompagné, plus qu’au foyer (il y avait une assistante sociale mais moins proche). C’est rassurant. Le lieu aussi c’est mieux qu’au foyer car j’avais une chambre et tout était collectif et ce n’était pas bon pour ma santé. Pour moi, c’est une progression. En janvier, ALYNEA m’a aidé pour aménager ma chambre, faire les courses et était là si j’avais besoin de quelque chose. Avant, j’avais 200 € par mois pendant la procédure, puis ALYNEA m’a aidé avec les tickets services et du liquide. En janvier 2021, j’ai été greffé, c’était une surprise car c’était rapide (4 mois d’attente). Après la greffe, l’alimentation est particulière et ALYNEA m’a aidé aussi avec des chèques. Si j’avais besoin, je demandais (faire les courses, prendre les médicaments).
L’été dernier, j’ai reçu une réponse positive pour la carte de séjour. Quand je suis arrivé, j’étais en dialyse. ALYNEA m’accompagne toujours et je retourne dans ma vie « normale » comme on dit.

Posture d’ALYNEA
Témoin et acteur engagé dans la lutte contre les exclusions, l’Association Lyonnaise nouvelle d’écoute et d’accompagnement (ALYNEA) développe depuis 50 ans, sur le territoire de la Métropole de Lyon et du Rhône, une action volontariste pour offrir un cadre de vie sain et « ordinaire » aux publics les plus fragiles dans notre société, pour leur permettre de retrouver leur place d’acteur et leur envie d’agir dans la société.
La qualité du logement, l’accès à une nourriture saine, la promotion d’une vie active sont des facteurs essentiels pour favoriser la réinsertion sociale, mais également la bonne santé globale d’un individu, et bien souvent celle de son entourage familial.

 

Réponses d’ALYNEA
Les appartements de coordination thérapeutique (ACT) d’Alynea trouvent toute leur place dans cet enjeu. Ils nous permettent d’accueillir dans un logement « classique », des personnes en situation de précarité atteintes de pathologies chroniques graves, ainsi que leur entourage.

L’objectif est clairement de prévenir les ruptures du fait de la maladie. L’accompagnement proposé consiste à les aider et les appuyer pour entrer et rester dans un parcours de soin, mais également se remobiliser socialement pour que la maladie ne soit pas la seule préoccupation.
En 2021, ALYNEA est lauréate d’un appel à projet pour la création de places supplémentaires. La réponse d’ALYNEA vient d’une part, augmenter un besoin de place insuffisant pour répondre à la demande passant ainsi d’une capacité de 29 à 45 personnes hébergées. De plus, ce dispositif permet de faciliter l’accompagnement vers le soin pour 24 personnes supplémentaires sans abris en allant là où elles se trouvent, en partenariat avec les acteurs de l’urgence sociale, de l’hébergement et de la santé.
Suite à cette augmentation d’activité, il était nécessaire que l’équipe augmentée, s’installe dans un espace plus central et plus grand pour accueillir dans de bonnes conditions les personnes accompagnées. D’Oullins, le service a déménagé au 2 place Latarjet dans le 8ème arrondissement (métro Mermoz) dans un local mis à disposition par le bailleur social Grand Lyon Habitat.

Le public

Les ACT d’ALYNEA accueillent des personnes isolées ou en couples avec ou sans enfant ou des familles monoparentales. Quoi qu’il en soit, pour que l’accompagnement global soit efficient, la prise en compte de la sphère familiale est essentielle. Par ailleurs, 7 places sont réservées pour des personnes placées sous-main de justice et pouvons accompagner des personnes dont les droits sont complets ou incomplets.

 

  • 45 places sont réservées à un hébergement et un accompagnement dans l’un des appartement à Lyon et son agglomération, gérés par ALYNEA, dont 10 se situent à Villeurbanne dans un lieu semi-collectif.
  • 24 places pour un accompagnement « hors les murs » sur le lieu de vie des personnes (rue, squat, caravane, centre d’hébergement d’urgence, logement autonome, etc.).

 

Ces personnes sont orientées par le Guichet Unique.

Actions mises en œuvre par une équipe pluridisciplinaire

L’équipe est composée de 4 travailleurs sociaux, d’un médecin, 4 infirmiers, 1 psychologue, 1 référent hébergement, 1 intervenant social employabilité / logement et 1 cheffe de service œuvre à :

  • La prévention de la rupture de soins des pathologies chroniques
  • La double coordination médico-sociale permettant l’observance des traitements, l’accès aux soins, l’ouverture des droits et aide à l’insertion sociale
  • L’accompagnement médical, psychologique et social, par le biais de différentes actions :
    – Visite à domicile
    – Accompagnement aux rendez-vous
    – Ateliers collectifs
    – Entretiens individuels
    – Préparation à l’accès à un logement autonome et / ou adapté

Financeur des ACT Entr’Aids : Agence Régionale de Santé

Déroulé de l’inauguration – 7 octobre 2022
11h Prises de paroles :
• Mot d’accueil du président d’ALYNEA, Philippe Imbert
• Jean-Noël Freixinos DG de Grand Lyon Habitat
• Céline de Laurens, Adjointe au Maire de Lyon en charge de la Santé, de la Prévention et de la Santé environnementale, en attente de réponse
• Philippe Guetat, directeur départemental de l’ARS
• Geste inaugural : découpe de ruban / Fin protocole
• Prise de parole d’un habitant, M. Arian Mehmeti
• Buffet BaklAAVA

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Madame C. et Monsieur V.

Un couple marqué par le sans-abrisme

Originaires de Picardie, ils quittent avec leurs 3 enfants leur maison d’Airaines en 2008 pour tenter leur chance en Corse puis à Lyon. Sans emploi, ils font face à des difficultés familiales avant de se trouver sans hébergement.

Souhaitant avant tout protéger leurs enfants et assurer leur scolarité, ils s’adressent au Conseil Général pour un placement provisoire. Ils sont orientés dans différents foyers dont le CHRS Carteret d’ALYNEA, mais la collectivité leur est difficile. Ils ne supportent ni la promiscuité, ni le cadre imposé. La collaboration avec les équipes est alors compliquée.
Pendant presque 3 ans, ils vont vivre dans la rue, abrités sous la bibliothèque universitaire rue Chevreul. La nuit, ils dorment en alternance afin que l’un des deux surveille leurs sacs à dos dans lesquels se trouve toute leur vie. En journée, ils fréquentent la Maison Rodolphe du Foyer Notre Dame des Sans Abri où ils déjeunent, se douchent, font leur lessive. Ici, ils sont suivis par Marc (prénom d’emprunt) assistant social avec qui ils seront en confiance.

« C’est la première personne qui nous a compris en repérant que le type d’hébergement qui nous conviendrait serait un appartement individuel. »

Dans la rue, leur santé se dégrade. Suzanne est hospitalisée plusieurs fois, sous-alimentée, alcoolisée, les articulations douloureuses. Les acteurs sociaux se mobilisent pour trouver une solution : Marc, la Maison de la Veille Sociale, le Samu Social 69, s’adressent au Préfet pour qu’un hébergement d’urgence soit débloqué. 5 mois plus tard, ils sont hébergés à l’hôtel.
Le couple poursuit son chemin dans un dispositif d’hébergement en appartement avec l’équipe de Polygônes d’ALYNEA qui considère que l’habitat est le point de départ de l’accompagnement.
Suzanne a arrêté de boire et soigne sa polyarthrite. Son compagnon, épileptique, suit son traitement. Grâce à des visites accompagnées par un médiateur et des entretiens téléphoniques réguliers, ils sont en lien avec leurs enfants.
Le prochain objectif est l’accès à un logement de droit commun : le bail serait d’abord signé entre le propriétaire et ALYNEA ; pendant cette durée déterminée, ils seraient sous-locataires et toujours accompagnés par Polygônes, avant que le bail « glisse » à leurs noms.

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Monsieur B.

« Rescapé de la solitude »

Monsieur B. intègre son hébergement en appartement de coordination thérapeutique en octobre 2017. Il doit alors quitter l’hébergement mis à disposition par le centre Léon Bérard où il suit un traitement médical. Même si Monsieur B. a fui, pour des raisons politiques le Congo Kinshasa, il est débouté par l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra) et par la Cour nationale du droit d’asile (CNDA). Arrivé en France blessé, il apprend qu’il est gravement malade. Soutenu par l’assistante sociale de l’hôpital, il obtient un titre de séjour pour soins qui lui permet de se faire soigner et rester sur le territoire le temps nécessaire.

« Nous les Africains, on vit ensemble, on ne connait pas la solitude. Ici j’ai beaucoup souffert de l’isolement, j’étais au fond du trou. Isolé, malade, séparé de ma famille, j’avais les pires idées. »

Depuis le début de son accompagnement par Entr’Aids, il a trouvé ce dont il avait besoin, une équipe professionnelle qui se soucie des êtres humains et qui soutient moralement les personnes. Son cadre de vie lui permet également de retrouver un vivre ensemble : des relations conviviales de voisinage, le partage de petits déjeuners et de repas avec l’équipe…

« L’hôpital m’a soigné, ALYNEA m’a sauvé la vie, je suis un rescapé. »

Lors de cette rencontre, Monsieur B. est en rémission et a retrouvé du sens dans son quotidien en tant qu’agent de sécurité aux abords de l’école, et bénévole au sein de l’association Singa (mouvement citoyen international visant à créer du lien entre personnes réfugiées). Il a pu reprendre ses fréquentations à la bibliothèque, et récupérer l’appétit et le goût de vivre.

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Monsieur BEN ATTIA

Sa création d’entreprise lui ouvre l’accès au logement

Qu’avez-vous pensé de la 1ère rencontre avec l’équipe du CoWork ?

Une opportunité à ne pas rater ! Je m’y suis tout de suite accroché. Je n’avais pas beaucoup de solutions et l’accompagnement proposé était pour moi un plus, surtout pour le volet administratif. J’ai senti que ça n’allait pas être une perte de temps.

Quel est votre quotidien depuis le début de votre activité ?

Je travaille 35h par semaine : du mercredi au samedi, dans le camion de livraison et le lundi je gère l’administratif (en tant qu’auto-entrepreneur je m’occupe de la facturation, de la communication, de la commercialisation). Le dimanche, je suis avec ma famille. J’ai embauché un livreur en CDD de 6 mois à mi-temps. Un comptable gère la paie, en prestation externe. Aujourd’hui, mon objectif est d’investir dans l’achat d’un camion. Pour l’instant, on tourne en location, et ça représente une perte d’argent conséquente, surtout lorsqu’on doit en louer deux (environ 2 jours par semaine).


Mon entreprise marche bien, c’est ce que je souhaitais ! Je rembourse mes mensualités pour le crédit que l’ADIE m’a accordé pour lancer mon activité. Je me dégage un bon salaire pour payer mon loyer et nourrir ma famille. Je suis très content ! J’ai trouvé un appartement F4 à Lyon 8, dans du neuf. Être patron avec des bons chiffres, ça change tout quand tu cherches un appartement !

La fréquence de votre accompagnement a dû évoluer depuis le mois d’août, notamment depuis le début de votre activité ?

Mon contrat d’accompagnement (de 3 mois) a été renouvelé plusieurs fois. Je viens encore une fois par semaine les lundis, jour que je consacre à l’administration de ma société. Parallèlement je reste en contact téléphonique régulier. Au moindre doute, j’appelle. Sarah est comme une conseillère, dès que j’ai une question, je prends mon téléphone, « Allo Sarah ? » Elle se renseigne puis m’oriente pour que je puisse reprendre la main. Au minimum, je suis en contact deux fois par semaine avec elle. C’est vraiment un apport précieux car sans le CoWork, j’aurais des papiers non-traités. À chaque étape, le dispositif s’adapte par rapport à mes besoins.

Comment peut-on améliorer le service ?

On a fait une réunion avec les autres coworkers et l’équipe pour identifier les besoins et optimiser l’accompagnement humain en termes de formation, d’espace de travail, d’équipement en ordinateurs et imprimantes. Moi j’ai la chance d’avoir un ordinateur, mais ce n’est pas le cas pour les autres coworkers. Les gens hébergés en foyer sont en difficulté et n’ont ni le matériel, ni l’espace pour travailler. Il
manque encore beaucoup de choses nécessaires pour vraiment aider les gens qui n’ont pas les moyens. Il nous faut aussi des modules de formations simples, par exemple je ne maîtrise pas encore Excel et Word, or j’en ai besoin pour gérer mes factures.

Quel conseil donneriez-vous à une personne qui a envie de monter sa boite et qui n’ose pas car elle est en situation de précarité face au logement ?

Il faut y croire ! Ici il y a vraiment des gens qui ont du cœur avec des compétences, qui veulent nous aider. Il faut savoir prendre la main des personnes qui la tendent pour se mettre sur les bons rails et mener son projet. Vous déménagez ? N’hésitez pas à le contacter !