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Point de CHU…T – Création artistique partagée slam et rap

20/07/2020

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Frédéric GLOCK – Travailleur social au CHU Alfred de Musset

Point de CHU…T naît de la demande d’un groupe d’adolescent.e.s du Centre d’Hébergement d’Urgence (CHU) Alfred de Musset qui souhaitait construire un projet musical avec et pour les jeunes autour du rap et du slam. Une envie pour eux de mettre en mots leur adolescence, entre l’anonymisation créée par leur statut administratif, la précarité de vie, leur rôle de support familial et leur désir d’expression, d’agir, d’émancipation. Avec, s’il vous plait, une parité des genres parmi ces jeunes dans l’univers RAP !

LA MUSIQUE COMME LEVIER D’INTEGRATION
La singularité de ces jeunes est leur parcours de vie souvent exceptionnel : ils ont quitté leur pays, leur famille et traversent encore des épreuves aujourd’hui. Ils sont fortement ancrés dans leur culture, et en même temps sont absorbés, fascinés par la nôtre.
Le rap et le slam sont pour eux, un courant qui fait consensus, se révélant comme source d’inspiration, de partage d’une culture musicale que cette génération plébiscite, un moyen d’intégration dans leur vie de collégien.ne et lycéen.ne, à laquelle les adolescents s’identifient.
« Écouter du son » c’est clairement un espace de liberté et de plaisir auquel nous voulons associer l’expression et la création.

Exprimer ses émotions et les faire partager, c’est pouvoir sortir un peu plus d’une certaine forme d’anonymat lié à un statut de demandeur de papier. S’exprimer c’est aussi pour un gamin.ne de 15 ans, montrer qu’il peut et sait faire des choses en étant acteur de son existence.

UN PROJET OUVERT A LA JEUNESSE DU QUARTIER
La musique se partage et les jeunes se croisent régulièrement sur le quartier. Deux raisons d’ouvrir cette expérience à d’autres jeunes par l’intermédiaire de la SLEA (service de prévention) et la maison de quartier des Brosses (MBQ) de Villeurbanne.
La mixité sociale et culturelle est naturellement au cœur de ce projet : la diversité représente ce groupe et ils doivent construire ensemble sur du long terme avec l’engagement nécessaire.

Il s’agit de les amener ensemble à construire un spectacle qui parle de leur vie, de leurs désirs, du constat qu’ils font du monde dans lequel ils vivent et leurs aspirations.

L’ADOLESCENCE
L’adolescence est souvent pour les jeunes une étape compliquée empreinte de doutes, mais également le désir intense de construire sa vie. Bien souvent un adolescent remet en question le schéma parental et peut s’opposer pour trouver son propre chemin. Cette étape est d’autant plus douloureuse pour nos jeunes que leur vie est extrêmement liée à celle de leurs parents.

Elle l’est parce qu’ils sont au cœur du projet familial, celui de quitter un pays et tenter de vivre en sécurité et dans de meilleures conditions. Ils sont sollicités régulièrement pour soutenir leurs parents car ils ont accès à la langue plus facilement. Ils portent bien souvent des choses qui ne leur appartiennent pas forcément et cela peut être douloureux. Le conflit de loyauté vient impacter leur désir d’émancipation d’une part, et le besoin inconditionnel de « veiller » sur leurs proches.

Le projet Point de CHU…T pourrait être un espace privilégié pour mettre des mots sur des maux, de parler de la frustration, de la colère parfois, mais aussi d’y trouver la solidarité et de l’expression à travers un collectif.

SORTIR DE SA ZONE DE CONFORT est également un objectif dans la mesure où tout ce qu’ils auront pu exprimer sera présenté sur scène devant un public à l’été 2021. La qualité artistique deviendra donc un enjeu important pour eux, mais également pour tous ceux qui accompagneront de près ou de loin ce spectacle.

UNE COPRODUCTION CCO
Sur 12 mois, le CCO La Rayonne accompagnera cette douzaine d’adolescent.e.s dans une création artistique partagée, où des artistes professionnels interviendront pour fertiliser leur imagination et produire une oeuvre collective : des ateliers hebdomadaires de slam, rap, et d’écriture, des stages intensifs en vacances scolaires pour s’exercer à l’improvisation et à l’éloquence, des masterclass pour enrichir leurs connaissances des cultures urbaines, etc. Et ressentir la fierté d’être encouragé.e.s durant la création, les répétitions et le spectacle. 1ères séances les 22 et 29 juillet avec l’artiste Vax1 autour du beatmaking et de la musique assistée par ordinateur. Un enthousiasme redoublé avec l’annonce de la marraine du projet, la chanteuse Tracy DE SA !

Partenaires : Fondation Nexity, CCO La Rayonne, Maison de quartier des Brosses, Association Acolea, ALYNEA.

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Madame C. et Monsieur V.

Un couple marqué par le sans-abrisme

Originaires de Picardie, ils quittent avec leurs 3 enfants leur maison d’Airaines en 2008 pour tenter leur chance en Corse puis à Lyon. Sans emploi, ils font face à des difficultés familiales avant de se trouver sans hébergement.

Souhaitant avant tout protéger leurs enfants et assurer leur scolarité, ils s’adressent au Conseil Général pour un placement provisoire. Ils sont orientés dans différents foyers dont le CHRS Carteret d’ALYNEA, mais la collectivité leur est difficile. Ils ne supportent ni la promiscuité, ni le cadre imposé. La collaboration avec les équipes est alors compliquée.
Pendant presque 3 ans, ils vont vivre dans la rue, abrités sous la bibliothèque universitaire rue Chevreul. La nuit, ils dorment en alternance afin que l’un des deux surveille leurs sacs à dos dans lesquels se trouve toute leur vie. En journée, ils fréquentent la Maison Rodolphe du Foyer Notre Dame des Sans Abri où ils déjeunent, se douchent, font leur lessive. Ici, ils sont suivis par Marc (prénom d’emprunt) assistant social avec qui ils seront en confiance.

« C’est la première personne qui nous a compris en repérant que le type d’hébergement qui nous conviendrait serait un appartement individuel. »

Dans la rue, leur santé se dégrade. Suzanne est hospitalisée plusieurs fois, sous-alimentée, alcoolisée, les articulations douloureuses. Les acteurs sociaux se mobilisent pour trouver une solution : Marc, la Maison de la Veille Sociale, le Samu Social 69, s’adressent au Préfet pour qu’un hébergement d’urgence soit débloqué. 5 mois plus tard, ils sont hébergés à l’hôtel.
Le couple poursuit son chemin dans un dispositif d’hébergement en appartement avec l’équipe de Polygônes d’ALYNEA qui considère que l’habitat est le point de départ de l’accompagnement.
Suzanne a arrêté de boire et soigne sa polyarthrite. Son compagnon, épileptique, suit son traitement. Grâce à des visites accompagnées par un médiateur et des entretiens téléphoniques réguliers, ils sont en lien avec leurs enfants.
Le prochain objectif est l’accès à un logement de droit commun : le bail serait d’abord signé entre le propriétaire et ALYNEA ; pendant cette durée déterminée, ils seraient sous-locataires et toujours accompagnés par Polygônes, avant que le bail « glisse » à leurs noms.

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Monsieur B.

« Rescapé de la solitude »

Monsieur B. intègre son hébergement en appartement de coordination thérapeutique en octobre 2017. Il doit alors quitter l’hébergement mis à disposition par le centre Léon Bérard où il suit un traitement médical. Même si Monsieur B. a fui, pour des raisons politiques le Congo Kinshasa, il est débouté par l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra) et par la Cour nationale du droit d’asile (CNDA). Arrivé en France blessé, il apprend qu’il est gravement malade. Soutenu par l’assistante sociale de l’hôpital, il obtient un titre de séjour pour soins qui lui permet de se faire soigner et rester sur le territoire le temps nécessaire.

« Nous les Africains, on vit ensemble, on ne connait pas la solitude. Ici j’ai beaucoup souffert de l’isolement, j’étais au fond du trou. Isolé, malade, séparé de ma famille, j’avais les pires idées. »

Depuis le début de son accompagnement par Entr’Aids, il a trouvé ce dont il avait besoin, une équipe professionnelle qui se soucie des êtres humains et qui soutient moralement les personnes. Son cadre de vie lui permet également de retrouver un vivre ensemble : des relations conviviales de voisinage, le partage de petits déjeuners et de repas avec l’équipe…

« L’hôpital m’a soigné, ALYNEA m’a sauvé la vie, je suis un rescapé. »

Lors de cette rencontre, Monsieur B. est en rémission et a retrouvé du sens dans son quotidien en tant qu’agent de sécurité aux abords de l’école, et bénévole au sein de l’association Singa (mouvement citoyen international visant à créer du lien entre personnes réfugiées). Il a pu reprendre ses fréquentations à la bibliothèque, et récupérer l’appétit et le goût de vivre.

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Monsieur BEN ATTIA

Sa création d’entreprise lui ouvre l’accès au logement

Qu’avez-vous pensé de la 1ère rencontre avec l’équipe du CoWork ?

Une opportunité à ne pas rater ! Je m’y suis tout de suite accroché. Je n’avais pas beaucoup de solutions et l’accompagnement proposé était pour moi un plus, surtout pour le volet administratif. J’ai senti que ça n’allait pas être une perte de temps.

Quel est votre quotidien depuis le début de votre activité ?

Je travaille 35h par semaine : du mercredi au samedi, dans le camion de livraison et le lundi je gère l’administratif (en tant qu’auto-entrepreneur je m’occupe de la facturation, de la communication, de la commercialisation). Le dimanche, je suis avec ma famille. J’ai embauché un livreur en CDD de 6 mois à mi-temps. Un comptable gère la paie, en prestation externe. Aujourd’hui, mon objectif est d’investir dans l’achat d’un camion. Pour l’instant, on tourne en location, et ça représente une perte d’argent conséquente, surtout lorsqu’on doit en louer deux (environ 2 jours par semaine).


Mon entreprise marche bien, c’est ce que je souhaitais ! Je rembourse mes mensualités pour le crédit que l’ADIE m’a accordé pour lancer mon activité. Je me dégage un bon salaire pour payer mon loyer et nourrir ma famille. Je suis très content ! J’ai trouvé un appartement F4 à Lyon 8, dans du neuf. Être patron avec des bons chiffres, ça change tout quand tu cherches un appartement !

La fréquence de votre accompagnement a dû évoluer depuis le mois d’août, notamment depuis le début de votre activité ?

Mon contrat d’accompagnement (de 3 mois) a été renouvelé plusieurs fois. Je viens encore une fois par semaine les lundis, jour que je consacre à l’administration de ma société. Parallèlement je reste en contact téléphonique régulier. Au moindre doute, j’appelle. Sarah est comme une conseillère, dès que j’ai une question, je prends mon téléphone, « Allo Sarah ? » Elle se renseigne puis m’oriente pour que je puisse reprendre la main. Au minimum, je suis en contact deux fois par semaine avec elle. C’est vraiment un apport précieux car sans le CoWork, j’aurais des papiers non-traités. À chaque étape, le dispositif s’adapte par rapport à mes besoins.

Comment peut-on améliorer le service ?

On a fait une réunion avec les autres coworkers et l’équipe pour identifier les besoins et optimiser l’accompagnement humain en termes de formation, d’espace de travail, d’équipement en ordinateurs et imprimantes. Moi j’ai la chance d’avoir un ordinateur, mais ce n’est pas le cas pour les autres coworkers. Les gens hébergés en foyer sont en difficulté et n’ont ni le matériel, ni l’espace pour travailler. Il
manque encore beaucoup de choses nécessaires pour vraiment aider les gens qui n’ont pas les moyens. Il nous faut aussi des modules de formations simples, par exemple je ne maîtrise pas encore Excel et Word, or j’en ai besoin pour gérer mes factures.

Quel conseil donneriez-vous à une personne qui a envie de monter sa boite et qui n’ose pas car elle est en situation de précarité face au logement ?

Il faut y croire ! Ici il y a vraiment des gens qui ont du cœur avec des compétences, qui veulent nous aider. Il faut savoir prendre la main des personnes qui la tendent pour se mettre sur les bons rails et mener son projet. Vous déménagez ? N’hésitez pas à le contacter !