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Une rencontre théâtrale pour les stagiaires en formation à ALYNEA

17/02/2017

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photo spectacle l'homme qui marche à ALYNEA 3La compagnie de théâtre Image Aigüe est venue présenter L’Homme qui marche à deux groupes de l’Emploi-Formation (FLE et Compétences 1ère) et aux 7 volontaires du Service Civique à La Saulaie lundi 13 février.

Cette proposition artistique de Christiane Véricel, composée de 4 histoires théâtrales d’environ 5 minutes chacune entrecoupées par un dialogue avec le public, est prétexte à l’analyse et à la réflexion : survivre, se nourrir, trouver sa place dans le monde, les frontières, obéir, le travail, les relations de pouvoir, comment organiser une société, etc., et pointent avec humour et dérision les inégalités et rapports de forces auxquels nous pouvons tous être confrontés.

Les saynètes sont jouées par 2 comédiens et un musicien. Christiane Véricel mène le dialogue avec les spectateurs pour inciter à la prise de parole. Elle suggère, interroge, pour encourager le public à relire les histoires, à s’exprimer au grès de ses propres références. Autant d’interventions qui viennent alimenter le dialogue entre spectateurs et étayer la réflexion théâtrale de la compagnie.

Le théâtre d’Image Aigüe dessine un parcours poétique et politique. La compagnie croise de manière innovante les réseaux culturels, sociaux, politiques pour une éducation à la citoyenneté par l’art et le théâtre en favorisant la prise de parole du public dans le but de réfléchir ensemble. Une approche qui fait écho au positionnement d’ALYNEA dans les situations d’accompagnement médico-psycho-social.

Quelles sont les raisons qui ont donné envie à ALYNEA de travailler avec la Compagnie Image Aiguë ?photo spectacle l'homme qui marche à ALYNEA 2

La force de ce théâtre se situe entre la simplicité apparente du discours et de la mise en scène et les interrogations qu’il provoque chez le spectateur, via des sujets d’actualité, sur des questions fondamentales autour du vivre ensemble et comment faire société. Les saynètes de L’homme qui marche seraient comme des petites décharges qui nous font prendre conscience du regard que l’on porte sur l’autre et ses différences nous permettant par là-même de nous remettre en question sur nos façons d’agir. Entre chaque scène, un espace propice à l’analyse, l’écoute, l’argumentation, l’acceptation de la parole de l’autre tente de s’installer.

Par ailleurs, ALYNEA travaille à l’accès à la culture : selon les personnes que nous accompagnons, les pratiques culturelles varient et certaines ne vont pas spontanément au théâtre. L’Homme qui marche a d’énormes intérêts car il permet :

  • de s’affranchir de la barrière de la langue étant un spectacle visuel sans paroles
  • un dialogue entre le public et la metteur en scène qui sait se positionner et s’adapter au public présent : on n’est pas dans un cadre où la culture serait élitiste.
  • d’être présenté dans nos locaux grâce à sa forme légère

Quels sont les liens entre le propos artistique et le spectacle de L’Homme qui marche et le projet d’ALYNEA?photo spectacle l'homme qui marche à ALYNEA 1

ALYNEA accompagne des personnes en difficulté dans l’accès et le maintien des droits fondamentaux (hébergement, logement, soins, formation professionnelle, emploi, culture, loisirs, etc.). Nous considérons les personnes avec un pouvoir d’agir et favorisons leur implication dans leur projet individuel ; le but étant d’acquérir un maximum d’autonomie et de trouver une place adaptée dans la société en fonction de ses capacités.

Aussi, nous pensons que ce qui peut être perçue comme fragile chez une personne peut aussi être une richesse pour notre société. L’Homme qui marche met en valeur la différence et illustre d’une certaine manière ce que nous tentons de faire à ALYNEA : valoriser les personnes que nous accompagnons et qui ont des parcours de vie chaotiques.

Qu’est-ce que « L’Homme qui marche » a pu apporter aux spectateurs ?

Le spectacle ne proposant pas une vision manichéiste, le public se retrouve face à différentes situations qui interpellent notre citoyenneté différemment selon chacun et les visions d’appréhender les histoires sont multiples. L’espace de dialogue même respectueux et bienveillant s’installe entre chaque scène. Cela reste néanmoins difficile de prendre la parole devant les artistes, surtout pour des personnes qui apprennent la langue française comme le groupe FLE, certains le font. Pour créer un espace de confiance, il faut nécessairement du temps : c’est quand ils se retrouveront entre stagiaires avec leur formatrice qu’ils s’exprimeront vraiment et qu’ils approfondiront leur analyse.

Des mains et des mots des stagiaires ont été recueillis à la sortie du spectacle…

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Madame C. et Monsieur V.

Un couple marqué par le sans-abrisme

Originaires de Picardie, ils quittent avec leurs 3 enfants leur maison d’Airaines en 2008 pour tenter leur chance en Corse puis à Lyon. Sans emploi, ils font face à des difficultés familiales avant de se trouver sans hébergement.

Souhaitant avant tout protéger leurs enfants et assurer leur scolarité, ils s’adressent au Conseil Général pour un placement provisoire. Ils sont orientés dans différents foyers dont le CHRS Carteret d’ALYNEA, mais la collectivité leur est difficile. Ils ne supportent ni la promiscuité, ni le cadre imposé. La collaboration avec les équipes est alors compliquée.
Pendant presque 3 ans, ils vont vivre dans la rue, abrités sous la bibliothèque universitaire rue Chevreul. La nuit, ils dorment en alternance afin que l’un des deux surveille leurs sacs à dos dans lesquels se trouve toute leur vie. En journée, ils fréquentent la Maison Rodolphe du Foyer Notre Dame des Sans Abri où ils déjeunent, se douchent, font leur lessive. Ici, ils sont suivis par Marc (prénom d’emprunt) assistant social avec qui ils seront en confiance.

« C’est la première personne qui nous a compris en repérant que le type d’hébergement qui nous conviendrait serait un appartement individuel. »

Dans la rue, leur santé se dégrade. Suzanne est hospitalisée plusieurs fois, sous-alimentée, alcoolisée, les articulations douloureuses. Les acteurs sociaux se mobilisent pour trouver une solution : Marc, la Maison de la Veille Sociale, le Samu Social 69, s’adressent au Préfet pour qu’un hébergement d’urgence soit débloqué. 5 mois plus tard, ils sont hébergés à l’hôtel.
Le couple poursuit son chemin dans un dispositif d’hébergement en appartement avec l’équipe de Polygônes d’ALYNEA qui considère que l’habitat est le point de départ de l’accompagnement.
Suzanne a arrêté de boire et soigne sa polyarthrite. Son compagnon, épileptique, suit son traitement. Grâce à des visites accompagnées par un médiateur et des entretiens téléphoniques réguliers, ils sont en lien avec leurs enfants.
Le prochain objectif est l’accès à un logement de droit commun : le bail serait d’abord signé entre le propriétaire et ALYNEA ; pendant cette durée déterminée, ils seraient sous-locataires et toujours accompagnés par Polygônes, avant que le bail « glisse » à leurs noms.

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Monsieur B.

« Rescapé de la solitude »

Monsieur B. intègre son hébergement en appartement de coordination thérapeutique en octobre 2017. Il doit alors quitter l’hébergement mis à disposition par le centre Léon Bérard où il suit un traitement médical. Même si Monsieur B. a fui, pour des raisons politiques le Congo Kinshasa, il est débouté par l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra) et par la Cour nationale du droit d’asile (CNDA). Arrivé en France blessé, il apprend qu’il est gravement malade. Soutenu par l’assistante sociale de l’hôpital, il obtient un titre de séjour pour soins qui lui permet de se faire soigner et rester sur le territoire le temps nécessaire.

« Nous les Africains, on vit ensemble, on ne connait pas la solitude. Ici j’ai beaucoup souffert de l’isolement, j’étais au fond du trou. Isolé, malade, séparé de ma famille, j’avais les pires idées. »

Depuis le début de son accompagnement par Entr’Aids, il a trouvé ce dont il avait besoin, une équipe professionnelle qui se soucie des êtres humains et qui soutient moralement les personnes. Son cadre de vie lui permet également de retrouver un vivre ensemble : des relations conviviales de voisinage, le partage de petits déjeuners et de repas avec l’équipe…

« L’hôpital m’a soigné, ALYNEA m’a sauvé la vie, je suis un rescapé. »

Lors de cette rencontre, Monsieur B. est en rémission et a retrouvé du sens dans son quotidien en tant qu’agent de sécurité aux abords de l’école, et bénévole au sein de l’association Singa (mouvement citoyen international visant à créer du lien entre personnes réfugiées). Il a pu reprendre ses fréquentations à la bibliothèque, et récupérer l’appétit et le goût de vivre.

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Monsieur BEN ATTIA

Sa création d’entreprise lui ouvre l’accès au logement

Qu’avez-vous pensé de la 1ère rencontre avec l’équipe du CoWork ?

Une opportunité à ne pas rater ! Je m’y suis tout de suite accroché. Je n’avais pas beaucoup de solutions et l’accompagnement proposé était pour moi un plus, surtout pour le volet administratif. J’ai senti que ça n’allait pas être une perte de temps.

Quel est votre quotidien depuis le début de votre activité ?

Je travaille 35h par semaine : du mercredi au samedi, dans le camion de livraison et le lundi je gère l’administratif (en tant qu’auto-entrepreneur je m’occupe de la facturation, de la communication, de la commercialisation). Le dimanche, je suis avec ma famille. J’ai embauché un livreur en CDD de 6 mois à mi-temps. Un comptable gère la paie, en prestation externe. Aujourd’hui, mon objectif est d’investir dans l’achat d’un camion. Pour l’instant, on tourne en location, et ça représente une perte d’argent conséquente, surtout lorsqu’on doit en louer deux (environ 2 jours par semaine).


Mon entreprise marche bien, c’est ce que je souhaitais ! Je rembourse mes mensualités pour le crédit que l’ADIE m’a accordé pour lancer mon activité. Je me dégage un bon salaire pour payer mon loyer et nourrir ma famille. Je suis très content ! J’ai trouvé un appartement F4 à Lyon 8, dans du neuf. Être patron avec des bons chiffres, ça change tout quand tu cherches un appartement !

La fréquence de votre accompagnement a dû évoluer depuis le mois d’août, notamment depuis le début de votre activité ?

Mon contrat d’accompagnement (de 3 mois) a été renouvelé plusieurs fois. Je viens encore une fois par semaine les lundis, jour que je consacre à l’administration de ma société. Parallèlement je reste en contact téléphonique régulier. Au moindre doute, j’appelle. Sarah est comme une conseillère, dès que j’ai une question, je prends mon téléphone, « Allo Sarah ? » Elle se renseigne puis m’oriente pour que je puisse reprendre la main. Au minimum, je suis en contact deux fois par semaine avec elle. C’est vraiment un apport précieux car sans le CoWork, j’aurais des papiers non-traités. À chaque étape, le dispositif s’adapte par rapport à mes besoins.

Comment peut-on améliorer le service ?

On a fait une réunion avec les autres coworkers et l’équipe pour identifier les besoins et optimiser l’accompagnement humain en termes de formation, d’espace de travail, d’équipement en ordinateurs et imprimantes. Moi j’ai la chance d’avoir un ordinateur, mais ce n’est pas le cas pour les autres coworkers. Les gens hébergés en foyer sont en difficulté et n’ont ni le matériel, ni l’espace pour travailler. Il
manque encore beaucoup de choses nécessaires pour vraiment aider les gens qui n’ont pas les moyens. Il nous faut aussi des modules de formations simples, par exemple je ne maîtrise pas encore Excel et Word, or j’en ai besoin pour gérer mes factures.

Quel conseil donneriez-vous à une personne qui a envie de monter sa boite et qui n’ose pas car elle est en situation de précarité face au logement ?

Il faut y croire ! Ici il y a vraiment des gens qui ont du cœur avec des compétences, qui veulent nous aider. Il faut savoir prendre la main des personnes qui la tendent pour se mettre sur les bons rails et mener son projet. Vous déménagez ? N’hésitez pas à le contacter !