La compagnie de théâtre Image Aigüe est venue présenter L’Homme qui marche à deux groupes de l’Emploi-Formation (FLE et Compétences 1ère) et aux 7 volontaires du Service Civique à La Saulaie lundi 13 février.
Cette proposition artistique de Christiane Véricel, composée de 4 histoires théâtrales d’environ 5 minutes chacune entrecoupées par un dialogue avec le public, est prétexte à l’analyse et à la réflexion : survivre, se nourrir, trouver sa place dans le monde, les frontières, obéir, le travail, les relations de pouvoir, comment organiser une société, etc., et pointent avec humour et dérision les inégalités et rapports de forces auxquels nous pouvons tous être confrontés.
Les saynètes sont jouées par 2 comédiens et un musicien. Christiane Véricel mène le dialogue avec les spectateurs pour inciter à la prise de parole. Elle suggère, interroge, pour encourager le public à relire les histoires, à s’exprimer au grès de ses propres références. Autant d’interventions qui viennent alimenter le dialogue entre spectateurs et étayer la réflexion théâtrale de la compagnie.
Le théâtre d’Image Aigüe dessine un parcours poétique et politique. La compagnie croise de manière innovante les réseaux culturels, sociaux, politiques pour une éducation à la citoyenneté par l’art et le théâtre en favorisant la prise de parole du public dans le but de réfléchir ensemble. Une approche qui fait écho au positionnement d’ALYNEA dans les situations d’accompagnement médico-psycho-social.
Quelles sont les raisons qui ont donné envie à ALYNEA de travailler avec la Compagnie Image Aiguë ?
La force de ce théâtre se situe entre la simplicité apparente du discours et de la mise en scène et les interrogations qu’il provoque chez le spectateur, via des sujets d’actualité, sur des questions fondamentales autour du vivre ensemble et comment faire société. Les saynètes de L’homme qui marche seraient comme des petites décharges qui nous font prendre conscience du regard que l’on porte sur l’autre et ses différences nous permettant par là-même de nous remettre en question sur nos façons d’agir. Entre chaque scène, un espace propice à l’analyse, l’écoute, l’argumentation, l’acceptation de la parole de l’autre tente de s’installer.
Par ailleurs, ALYNEA travaille à l’accès à la culture : selon les personnes que nous accompagnons, les pratiques culturelles varient et certaines ne vont pas spontanément au théâtre. L’Homme qui marche a d’énormes intérêts car il permet :
- de s’affranchir de la barrière de la langue étant un spectacle visuel sans paroles
- un dialogue entre le public et la metteur en scène qui sait se positionner et s’adapter au public présent : on n’est pas dans un cadre où la culture serait élitiste.
- d’être présenté dans nos locaux grâce à sa forme légère
Quels sont les liens entre le propos artistique et le spectacle de L’Homme qui marche et le projet d’ALYNEA?
ALYNEA accompagne des personnes en difficulté dans l’accès et le maintien des droits fondamentaux (hébergement, logement, soins, formation professionnelle, emploi, culture, loisirs, etc.). Nous considérons les personnes avec un pouvoir d’agir et favorisons leur implication dans leur projet individuel ; le but étant d’acquérir un maximum d’autonomie et de trouver une place adaptée dans la société en fonction de ses capacités.
Aussi, nous pensons que ce qui peut être perçue comme fragile chez une personne peut aussi être une richesse pour notre société. L’Homme qui marche met en valeur la différence et illustre d’une certaine manière ce que nous tentons de faire à ALYNEA : valoriser les personnes que nous accompagnons et qui ont des parcours de vie chaotiques.
Qu’est-ce que « L’Homme qui marche » a pu apporter aux spectateurs ?
Le spectacle ne proposant pas une vision manichéiste, le public se retrouve face à différentes situations qui interpellent notre citoyenneté différemment selon chacun et les visions d’appréhender les histoires sont multiples. L’espace de dialogue même respectueux et bienveillant s’installe entre chaque scène. Cela reste néanmoins difficile de prendre la parole devant les artistes, surtout pour des personnes qui apprennent la langue française comme le groupe FLE, certains le font. Pour créer un espace de confiance, il faut nécessairement du temps : c’est quand ils se retrouveront entre stagiaires avec leur formatrice qu’ils s’exprimeront vraiment et qu’ils approfondiront leur analyse.
Des mains et des mots des stagiaires ont été recueillis à la sortie du spectacle…